
(...) Depuis plusieurs années, cette professeure de français très engagée aide des familles roms à inscrire leurs enfants à l’école. Souvent, elle se confronte à des municipalités qui traînent les pieds, demandant toutes sortes de documents, variables d’une fois à l’autre… « L’école est pourtant obligatoire, rage-t-elle. Comment peut-on empêcher un enfant d’être scolarisé ? Ça me dépasse. »
Ce mardi, le collectif « Ecole pour tous » interpelle le ministre de l’Education dans une lettre ouverte que relaie Libération. « Nous sommes des enfants vivant en bidonvilles, dans des squats ou des hôtels sociaux. Beaucoup de gens l’ignorent car on parle peu de nous, mais en France, environ 100 000 enfants sont privés d’école », déroule Anina Ciuciu, la marraine du collectif. Aujourd’hui avocate, Anina Ciuciu a grandi dans des conditions très précaires avec sa famille rom venue de Roumanie : « On a décidé d’organiser un collectif entre nous, pour porter notre voix et qu’enfin les choses changent un peu. »
Créé en novembre, le collectif a réussi, avec le soutien de plusieurs députés, à introduire un amendement dans la loi pour une école de la confiance permettant de définir une bonne fois pour toutes la liste des documents nécessaires à l’inscription des enfants à l’école. « Jusque-là, la liste était éparpillée dans plusieurs circulaires. C’était flou, et cela servait de prétexte à certaines municipalités pour mettre des bâtons dans les roues aux inscriptions des enfants », explique-t-elle. Cet amendement est une première victoire donc, mais qui ne sera « effective qu’une fois que les décrets d’application seront pris ». Parmi leurs autres revendications : la mise en place de la trêve scolaire, pour qu’on arrête d’expulser les familles ou de démanteler les bidonvilles pendant l’année de classe. A chaque expulsion, les enfants sont déscolarisés plusieurs mois et doivent repartir de zéro. Le collectif réclame aussi la reconnaissance publique des médiateurs scolaires. Ce métier existe au sein des associations, mais « le nombre de médiateurs n’est pas suffisant ». Des mesures urgentes sont également nécessaires, dit-elle, pour les mineurs isolés, trop souvent coupés de l’école. (...)
Vendredi, c’est au tour de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) d’interpeller pour qu’enfin ce sujet de la non-scolarisation des enfants devienne visible.