
Le seul moment où, en 40 ans, nous avons pu faire reculer le chômage de masse, ce fut lorsque nous avons instauré les 35 h légales sans perte de salaires sous Lionel Jospin. A croissance égale et à pays comparables nous avions pu créer 450 000 emplois de plus : cela fut même reconnu par la droite, notamment par François Fillon pourtant ennemi des 35 h.
Il a fallu prés de 70 ans, entre 1936 et 2002 pour passer aux 40 h, puis aux 39 h, puis aux 35 h. Ce faisant nous avons réussi 4 choses en même temps :
– produire plus, c’est indéniable, entre 1936 et 2002 nous avons produit beaucoup plus
– gagner plus, c’est indéniable entre 1936 et 2002, nous avons tous gagné beaucoup plus
– doubler le nombre d’emplois, c’est indéniable, puisque nous sommes passés de 9,5 millions d’emplois privés en 1936 à 18 millions en 2002, l’année 2000 étant tous chiffres comparés, la meilleure année des annales sociales du 20° siècle
– et travaillé moins puisque nous sommes passés de 40, à 39 et à 35 h hebdomadaires
« Travailler mieux, moins tous, en gagnant plus », nous l’avons fait pendant 70 ans, en dépit d’une guerre mondiale et de deux guerres coloniales, et d’une « crise » permanente et mondiale depuis 1973
Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui de curieux agents de l’extrême capitalisme à revenir sur cette tendance lourde réussie, prouvée, solide, confirmée, et à exiger qu’on « travaille plus en gagnant moins »
– alors qu’on a 6,15 millions de chômeurs,
– que les salaires sont tellement bloqués que ça bloque tous les carnets de commande,
– que les profits et dividendes n’ont jamais été aussi élevés,
– que les « marges » des entreprises sont reconstituées,
– qu’elles n’investissent pas, mais continuent à freiner la production et à licencier ? (...)
Le patronat est la catégorie la plus assistée de notre pays, et il ne fait que développer le chômage,
– le taux d’utilisation des capacités productives est de 70 %,
– l’investissement est quasi nul,
– les plans de licenciement se développent partout, même là, bien sur, ou Macron garantissait le contraire comme à Alstom, bradé à Général Electric. Même quand les bénéfices sont record comme à Air france.
Les plans de réduction des déficits de Sapin et Macron depuis 4 ans ont tellement saigné l’économie que la dette est passée de 86 /Pib à 100 /Pib. 14 points de plus !
Déjà les lois Sapin et Macron ont passé le Code du travail à l’acide le 14 juin 2013 et le 7 août 2015, sans nécessité et sans que cela n’ait créé aucun emploi. (La droite Fillon, Larcher, Chirac, Sarkozy, Bertrand, avait déjà « recodifié » entièrement le code du travail de 2004 à 2008 sans que cela ait eu le moindre effet sur l’emploi : ou plutôt si, comme toute dérégulation, cela avait facilité les licenciements, la précarité et le nombre de chômeurs).
Valls et Macron se lâchent dans les salons richissimes et glacés de Davos, devant la lie de la finance mondiale pillarde et faiseuse de chômage et ils alignent les poncifs odieux :
« Vu la situation économique, ne plus payer les heures supplémentaires c’est une nécessité »
« Il faut travailler plus sans gagner plus »
« La réforme présentée lundi 18 janvier par François Hollande signifie de facto la fin des 35 h »
La durée du travail ne sera plus légale ni d’ordre public, elle sera négociée au niveau de chaque entreprise, et le taux des heures supplémentaires ne sera plus majoré par la loi mais soumis à négociation, ce qui permettra de l’abaisser de 25 à 10 % et désormais à 0 %.
Rappelons que Sarkozy et Cie qui avaient un moment envisagé cette hypothèse, y avaient renoncé : ils savaient, eux, que même les esclaves enchainés quand ils travaillaient plus avaient droit à un bonus. (...)
La gauche, toute la gauche dans sa diversité, dans toutes ses composantes, sans exclusive, sans préalable, doit se ressaisir, se rassembler dans une plateforme qui défende ses valeurs élémentaires et essentielles, urgentes. Elle doit faire face et désigner démocratiquement, de façon dynamique, solidaire, un candidat commun, à travers des primaires massives pour continuer d’exister, pour défendre un siècle d’histoire, de droits, de dignité sociale. Elle doit sonner le tocsin, il y a des moments, face à de tels reniements, où c’est l’heure d’un soulèvement général pour la vie : parce que, pour ceux, qui ne regardent pas ça de près, les 35 h, les 32 h, les 30 h, c’est le partage du travail, c’est la survie sociale qui sont en jeu !