
Deux cinéastes vedettes sont simultanément en butte à des offensives de grande ampleur pour avoir pris des positions contestataires affirmées. Les deux affaires n’ont rien de commun ; seule leur concomitance témoigne d’une atmosphère particulière aux États-Unis.
Au cours d’une manifestation organisée par #RiseUpOctober à New York pour protester contre les nombreux cas récents de noirs tués par des policiers, Quentin Tarantino a déclaré : « Quand je vois un assassinat, je ne reste pas à l’écart, et je dois appeler assassinat un assassinat et assassins les assassins. »
Cette déclaration a été suivie d’une intense mobilisation des policiers dans de nombreuses grandes villes. Leurs représentants ont dénoncé des propos inadmissibles, exigé des excuses publiques, traité Tarantino de type qui se fait du fric avec la violence et d’ami des truands, et appelé au boycott du prochain film, The Hateful Eight (Les Huit Salopards, sortie française prévue le 6 janvier). (...)
Dans une interview au Los Angeles Times du 5 novembre, le cinéaste a de son côté maintenu ses propos et déclaré qu’il n’avait aucune intention de s’excuser. (...)
D’une autre nature, la décision dont vient d’être victime Michael Moore est clairement destinée à limiter la diffusion de son nouveau film. Aux États-Unis, la censure n’est pas le fait du gouvernement mais de l’association des Majors, la MPAA. En infligeant au nouveau film du réalisateur polémiste le label « R », pour Restricted (c’est-à-dire interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), la MPAA entend frapper directement au porte-monnaie. (...)
Le nouveau film de Moore, Where to Invade Next, est une critique du système américain de santé, d’éducation, d’information, de travaux publics à travers l’exploration de la situation dans d’autres pays et des réponses qui ont été apportées à ces dossiers. Il n’est pas plus obscène ou sadique que Bowling for Columbine ou Farenheit 9/11. Pas moins non plus, et à ce titre, les représentants des grands patrons de studios sont tout à fait cohérents, puisqu’ils avaient infligé la même peine aux précédents films de Michael Moore, depuis Roger and Me. (...)