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Le convoi humanitaire russe, un road movie géopolitique
Article mis en ligne le 25 août 2014

Depuis quelques jours, les tribulations de la caravane des quelques 300 semi-remorques russes cheminant vers l’Ukraine tient en haleine les observateurs. L’avancée du convoi (est-t-il parti ? est-il arrivé ? où s’est-il arrêté ?) en vient presque à éclipser la violence des opérations militaires à Donetsk et Lougansk, les 2 000 morts recensés par l’ONU, les drames des 300 000 civils réfugiés, déplacés et exilés recensés par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), et le destin à nouveau tragique de l’Ukraine. Et le fait que l’Etat ukrainien lui-même dépêche 15 camions et 240 tonnes de produits de première nécessité renforce nos troubles.

Les autorités russes ont réuni pour nous tous les ingrédients d’un story telling qu’on qualifierait d’efficace s’il ne se déroulait au milieu d’une catastrophe humanitaire et d’une guerre civile tragique : d’où viennent ces camions ? Qui les conduit ? Franchiront-ils la frontière ? Qui les arrêtera ? Contiennent-ils réellement les tonnes de blé, les groupes électrogènes et les couvertures annoncées ? Ou recèlent-ils en leurs flancs des guerriers décidés à en découdre comme les Achéens résolus à détruire Troie dans l’Iliade ?
Notre sidération collective pour cet événement au rythme haletant fait de cette caravane un succès pour ceux qui l’ont organisée : les principes humanitaires épaulés par des images parfaites ne sauraient rencontrer d’obstacle sur la route rectiligne du succès. Toutefois, notre devoir est de secouer notre hypnose digne de Troyens perplexes devant le cheval de bois imaginé par Ulysse : nous n’avons pas à ratiociner sans fin sur ces camions. L’essentiel est ailleurs : il n’est ni dans leurs remorques ni dans leur escorte, ni dans leur couleur, ni dans leur itinéraire. Il est dans l’inflexion de cap choisie par le Kremlin.

Signe de bonne volonté ou symptôme de faiblesse ? (...)