 
	Le 31 août 2018 prendra une place particulière dans l’histoire de l’économie chypriote avec la fermeture de la Banque Coopérative (Synergatiki) et le transfert de toutes ses agences vers la Banque Hellénique (Elliniki).
Le transfert s’accompagnera de celui des 1100 employés sur les 2700 que comptait la Banque Centrale Coopérative (BCC), tandis que le reste des travailleurs participera au programme de départs à la retraite volontaires mis en place par la banque. Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que 400.000 comptes bancaires de la population chypriote passeront aux mains de la Banque Hellénique.
À titre de comparaison, c’est comme si on parlait de la privatisation d’une banque française de 65 millions de clients, ou d’une banque allemande de 80 millions de clients, etc. Ça n’arrive pas souvent qu’une banque ait presque autant de clients que la population entière du pays.
Le côté " vilain petit canard » de la Banque Coopérative, par rapport au caractère lucratif du système bancaire contemporain, vient de son caractère tel que décrit par un des fondateurs et directeur pendant plusieurs années de la Caisse Coopérative de Limassol : « La Coopérative a été définie à juste titre comme la plus grande conquête sociale à Chypre depuis 110 ans… En pratique, presque toutes les familles chypriotes ont pu expérimenter les bénéfices de son existence depuis 65 ans, puisqu’à travers ses financements, les trois quarts de la ville de Limassol ont pu être construits, plusieurs commerçants et petites entreprises ont pu monter leurs projets et des milliers de parents ont pu financer les études de leurs enfants. Des communautés locales, comme la municipalité de Limassol, des centres culturels et sportifs, des collectifs de parents d’élèves et de nombreuses organisations sociales, ont eu pendant des années le soutien de la Caisse Coopérative de Limassol. L’Université Technologique a bénéficié d’un premier emplacement grâce à un don généreux de la Caisse au centre de la ville. » (Kazamias, 2018)
La vente de la Banque Coopérative à la Banque Hellénique marque l’accomplissement d’une procédure commencée en 2013, avec comme prétexte la banqueroute de la Banque Populaire (Laïki) qui comptait dans son portefeuille des obligations grecques de grande valeur, dévaluées avec la restructuration de la dette publique grecque en Mars 2012. Cette dévaluation a eu des conséquences sur toutes les grandes banques chypriotes, en les exposant aux grands investisseurs et aux fonds spéculatifs. La vente de la Banque Coopérative à la Banque Hellénique représente un beau cadeau pour cette dernière puisque ses indicateurs les plus importants étaient tous supérieurs à ceux de la Banque Hellénique. (...)
