
C’est avec la plus grande bonhomie, normal, que le Président de la République s’est fait descendre d’hélicoptère pour passer deux heures sur le Terrible, sous-marin nucléaire qui mérite son nom. « Prodige de science et de technique », fierté de la nation, normal. Ce machin fait régulièrement des séjours de deux mois sous l’eau, chargé à bloc de fusées porteuses de têtes nucléaires capables de pulvériser n’importe quelle région du globe, « à tout moment ».
On ne sait où il est, ni d’où il va tirer, mais le Président de la République peut « à tout moment » donner cette instruction. Tuez les tous !
Normal. « C’est un élément essentiel de notre sécurité. »
Il s’explique, le Président : il s’agit de « pouvoir utiliser une menace pour garantir la paix ». Normal.
Mieux : ça « contribue à la préservation, et de notre statut de puissance dans le monde, et de garantir la paix et la sécurité des Français ». Il improvise, c’est pas très bien écrit, normal. Mais il a bien dit que c’est pour préserver « notre statut de puissance dans le monde ». Et, accessoirement « garantir la paix et la sécurité des Français ». Quant aux autres, qu’ils crèvent. Normal.
“La dissuasion nucléaire est le patrimoine de toute la nation.” C’est tout. Élu président de la République, il se retrouve chef des armées, et c’est comme tel qu’il a “la responsabilité de [la] continuité” de la politique de « dissuasion », et qu’il doit “en assurer la poursuite”. (...)
On reste sans voix… Ce pays qui aura déjà entraîné l’Europe – et le monde – au moins une fois dans la plus folle des politiques de destruction, en 1914, pour récupérer l’Alsace-Lorraine, dans l’espoir d’assurer sa prééminence face à une Allemagne qui n’en demandait pas tant, ce pays dont la politique coloniale aura, de même, provoqué un torrent de misère et sang sur une bonne partie du globe, ce pays qui, il y a moins de vingt ans, pouvait carrément s’engager dans une politique génocidaire au Rwanda pour maintenir son “influence” en Afrique, ce pays dont la folie furieuse s’habille de placides raisonnements, n’est prêt à renoncer à rien pour creuser le sillon criminel de son orgueil sans mesure.
Le 6 août, pour l’anniversaire d’Hiroshima, les partisans de l’abolition des armes nucléaires se rassemblent au Mur de la Paix, devant la tour Eiffel, dès 10 heures du matin, pour un jeûne international de trois jours, jusqu’au neuf août, anniversaire de Nagasaki.