
Les temps sont durs pour le pluralisme politique en France. Après les premiers coups de butoir de Jean-Michel Apathie contre les « candidats inutiles », vint le tour de neuf responsables [1] de l’audiovisuel français qui adressèrent au CSA et au Conseil constitutionnel une lettre ouverte (reproduite en fin d’article) pour protester contre la règle de stricte égalité des temps de parole applicable à compter du 20 mars prochain et pour demander qu’elle soit limitée à deux semaines. Matthieu Aron, directeur de la rédaction de France Inter, était l’un des signataires ; il s’offrit donc une intervention au journal de 8 heures de Mickaël Thébault le jeudi 9 février pour dénoncer une règle « regrettable dans ce moment démocratique ».
Comme si la démocratie était menacée par l’égalité chichement accordée aux représentants de formations politiques aujourd’hui marginalisées, comme elles le sont, non seulement en raison du temps qui leur est réservé, mais surtout par leurs conditions d’expression et par les commentateurs qui se focalisent sur le deuxième tour : marginalisées comme elles le sont, en particulier, dans l’émission « Les Débats de la présidentielle » que Matthieu Aron anime tous les vendredis depuis la rentrée de septembre, et qui caricature le débat politique sous forme de duels dont sont absents les petits candidats et leurs soutiens. De l’art de fantasmer le bipartisme pour un paysage politique pourtant plus généreux… (...)