Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Telerama
Le droit de grève réquisitionné, les militantes de Nous Toutes réprimandées
Samuel Gontier
Article mis en ligne le 29 novembre 2019
dernière modification le 28 novembre 2019

« La fin du Grenelle contre les violences conjugales, annonce Thomas Hugues lundi soir sur CNews. Avec le slogan “un milliard, pas de bobards”, le collectif Nous Toutes fait part de son immense déception. Moi, je trouve le slogan, je vais un peu me mouiller pour une fois, j’essaye d’être un peu neutre… » Un peu. « … Mais ce slogan, je trouve ça un peu dur après ce qui a été annoncé par le Premier ministre. » Jamais contentes, ces grognasses. Thomas Hugues porte ce jugement devant Hélène de Ponsay, de l’Union nationale des familles de féminicides. « Votre sœur, Marie-Alice, a été tuée par son compagnon il y a quelques mois. » Surprise, l’invitée parle aussi de « déception ». Tout comme Françoise Brié, de la Fédération nationale Solidarité Femmes : « On aimerait aller plus loin », dit-elle, expliquant que, sur le terrain les associations sont débordées.

Un seul expert des violences faites au femmes est pleinement satisfait des annonces du gouvernement : « Je trouve que la mise en œuvre du bracelet d’éloignement est une idée formidable, exceptionnelle ! », clame Gilles-William Goldnadel. Il salue la pondération des représentantes d’association présentes sur le plateau. « Je suis heureux de voir des associations responsables avoir un discours critique sans être dans un négativisme comme celui du collectif Nous Toutes. » Ces harpies mériteraient une bonne correction. (...)

« Autant j’ai apprécié le Grenelle d’aujourd’hui, poursuit l’avocat d’extrême droite, autant la manifestation de samedi m’a laissé un goût amer parce que j’ai l’impression que, comme souvent, l’extrême gauche commence à prendre la main sur le mouvement féministe, notamment Madame De Haas. » Une mégère d’ultra-gauche. « Je regarde ce militantisme avec une certaine appréhension. » Pauvre Gilles-William. « Vous ne pouvez pas dire ça », proteste le journaliste Éric Decouty, constatant : « C’est la société civile qui fait bouger le pouvoir politique. » Mais Gilles-William Goldnadel insiste : « J’ai vu dans cette manifestation des femmes [d’extrême-droite, ndr] qui étaient éjectées parce qu’elles rappelaient les affaires de Cologne. » Par des islamo-grognasses. « J’ai vu des femmes black blocs. » Horreur, des viragos-casseuses. « Un mouvement très extrémiste est en train de récupérer la manif. » Si Gilles-William Goldnadel avait été récupéré par un mouvement très extrémiste, ça se saurait. Je me demande : pourrait-on le munir d’un bracelet d’éloignement des plateaux télé ? (...)

« Nous sommes à dix jours de la grande mobilisation contre les retraites. » C’est l’autre affaire qui, ce lundi, agite les chaînes info. « On en parle avec vous, Éric Coquerel, député La France insoumise, propose François Gapihan sur BFMTV. En prévision du 5 décembre, ne serait-ce pas normal de garantir un véritable service minimum ? » « Le droit de grève, répond le député en duplex de l’Assemblée, c’est le fait de pouvoir faire grève, sinon c’est pas le droit de grève… » « C’est pas le droit de bloquer », le coupe le présentateur. (...)

« À chaque fois que quelqu’un fait grève, dans n’importe quel secteur, reprend Éric Coquerel, y a évidemment une gêne. Ça fait partie de la pression sociale, de… » François Gapihan le coupe à nouveau : « Mais la liberté de circulation est aussi un droit en France. » Le député continue à parler mais sa voix est couverte par celle du présentateur (...)

Karine de Ménonville relaie son collègue présentateur : « Sans porter atteinte au droit de grève, on sait bien que le 5 décembre sera une journée très forte. Il y a des gens qui sont dans l’obligation d’aller travailler, qui n’ont pas la solution de poser un jour de congé. Est-ce qu’il ne serait pas de bon augure de leur permettre d’aller à leur travail ? » Éric Coquerel demande s’ils vont poser toujours la même question, la présentatrice proteste : « Ben, pour avoir une réponse, en fait. » « Je vous ai répondu, je pense qu’il ne faut pas attaquer le droit de grève, vous m’avez compris, je suis usager, je prends les transports tous les j… » François Gapihan le coupe à nouveau (...)

« Si vous m’en laissez placer une, s’impatiente le député. Parce que sinon, vous faites votre interview vous-même et puis vous donnez vos réponses, puisque vous avez un avis. » Pas du tout, les intervieweurs n’ont pas d’avis. Rappelons que l’appellation « journaliste militant » est réservée à des gauchistes comme David Dufresne, Gaspard Glanz ou Taha Bouhafs.

La présentatrice conclut : « Merci beaucoup, Éric Coquerel, de nous avoir donné votre avis sur BFMTV. » Pardon, il me semble que c’est l’inverse : merci beaucoup, BFMTV, de nous avoir donné votre avis sur Éric Coquerel – et sur la grève.

« Vous assumez ce blocage annoncé ? » Quelques heures plus tard, Bruce Toussaint reprend le même refrain face à un représentant de la CGC. (...)

Les bandeaux de LCI sont du même tonneau. « Service minimum : mission impossible ? » « Grève : la solution, c’est la réquisition ? » (...)

Le bandeau de LCI s’inquiète « Grève : les cadres aussi ? » Des cadres décidés à « bloquer la France » ? Gilles-William Goldnadel dirait qu’un « mouvement très extrémiste » les a récupérés.