La forêt de Dadia, poumon vert et économique du nord-est de la Grèce, est en proie à un gigantesque incendie. Sur place, c’est la désolation.
(...) Depuis près de deux semaines, un incendie fait rage dans la région. Il serait le plus important de toute l’histoire de l’Union européenne.
Une vingtaine de personnes sont mortes, en grande majorité des exilés, et le feu a provoqué de nombreuses évacuations. Plus de 81 000 hectares sont déjà ravagés selon l’observatoire européen Copernicus (EMS), soit plus que la superficie de la ville de New York.
Au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, cette forêt de Dadia, parc national du réseau européen Natura 2000, abrite plusieurs espèces d’oiseaux menacées, comme la cigogne noire et la perdrix grise. Les vautours noirs des Balkans y ont aussi leur site de reproduction. Cette biodiversité exceptionnelle attire chaque année des milliers de visiteurs, particulièrement durant les périodes de migration des oiseaux. (...)
Le centre qui reçoit habituellement chaque jour des visiteurs, s’est transformé en lieu de collecte de denrées pour ceux qui sont mobilisés au front. De nombreux renforts européens ont d’ailleurs été déployés pour appuyer les pompiers grecs dans cette lutte acharnée contre les flammes.
Dans ces régions difficilement accessibles, à la végétation dense, le combat est difficile. « Que va-t-il nous rester ? Qu’allons-nous devenir ? Si tout brûle, il n’y aura plus aucune raison de venir ici. »
« Un paysage de fin du monde »
La végétation calcinée se dresse sur des dizaines de kilomètres. Ici et là, on voit des animaux morts, qui ont été pris au piège des flammes. On voit aussi des coupe-feux réalisés en urgence un peu partout, mais ils n’ont pas souvent réussi à protéger des flammes les maisons, fermes et ruches. La dévastation est partout.
« Chaque jour, quand je sors sur mon balcon, je vois ce paysage de fin du monde. Nous avons pu sauver notre maison mais comment pouvons-nous continuer à vivre ? », se demande une habitante. Le feu s’est miraculeusement arrêté juste avant son jardin. (...)
La psychologue Ioanna Gkika, déployée sur place avec l’ONG The Smile of the Child évoque le sentiment d’abandon dans cette région éloignée. « La détresse est immense dans cette région. Tout le monde a perdu quelque chose, sa maison ou son gagne-pain », explique-t-elle, faisant valoir que beaucoup vivent de l’agriculture et de leurs animaux.
Impossible d’évaluer avec certitude toutes les conséquences de cet immense incendie, mais une chose est sûre, il y aura un avant et un après. « Le traumatisme pour ces gens-là ne s’arrêtera pas après le feu. Pour certains, leur vie sera affectée à jamais. »