
Tandis que le programme de François Fillon promet une remise à plat de la Sécurité sociale, le film « La Sociale » de Gilles Perret entend rendre justice au père fondateur du plan de création de cette institution sur laquelle repose tout notre modèle social.
Certains films vivent grâce au bouche-à-oreille plus que par un « plan médias » et un matraquage publicitaire. Pour les documentaires engagés, genre qui peut peiner à trouver son public, ce constat est sans doute encore plus vrai et les différents films de Gilles Perret l’illustrent particulièrement.
Après deux premiers documentaires couronnés d’un succès relatif (Ma mondialisation en 2006, De mémoires d’ouvriers en 2012), Gilles Perret s’est surtout fait connaître avec des Jours heureux (2013), qui exhumait la mémoire du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) et en retraçait son héritage. Avec La Sociale, qui approfondit ce travail de mémoire sur le nouveau contrat social établi à l’issue de la guerre, le réalisateur a décidé, contre les tendances de la production audiovisuelle (et avec le soutien indéfectible de son producteur Jean Bigot), de rendre hommage à l’histoire et à l’actualité de la Sécurité sociale, soixante-dix ans après sa naissance au lendemain de la Libération, sous l’impulsion du monde ouvrier et avec l’assentiment du gouvernement provisoire de la République française (...)
Pour illustrer le contexte de l’après-guerre, La Sociale s’appuie sur des archives filmées minutieusement sélectionnées, montrant notamment comment les syndicats ouvriers –communistes ou non– sont devenus progressivement les acteurs-clés de la gestion locale des caisses de sécurité sociale, sur tout le territoire français, avec le soutien volontariste de l’Etat qui, en appliquant notamment le programme du CNR, cherchait par ce biais à pacifier une société française meurtrie par la guerre et l’occupation, et particulièrement divisée lors de la Libération. (...)
À travers des témoignages souvent chaleureux voire émouvants, Gilles Perret donne la parole à des personnalités très diverses, ce qui rend le documentaire à la fois émouvant et instructif.
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« La Sécu, c’est le droit de vivre », nous dit Michel Etiévent, Colette Bec rappelant quant à elle l’extraordinaire division par trois en dix ans de la mortalité infantile suite à la création de la Sécurité sociale. (...)
Si le tournage du film s’est achevé avant la primaire de la droite et du centre, cette question entre encore davantage en résonnance aujourd’hui avec le projet du candidat François Fillon –qui a cependant du revenir ces derniers jours sur l’hypothèse du déremboursement des risques « mineurs ». (...)
Gilles Perret cherche à tirer la sonnette d’alarme au sujet des menaces aujourd’hui portées au système de sécurité sociale vieux de soixante-dix ans. (...)
Un héritage à revendiquer (...)