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Le gouvernement affaiblit la lutte contre la pollution en pompant le budget des Agences de l’eau
Article mis en ligne le 24 octobre 2017

Alors que tous les signaux de qualité des eaux sont au rouge en France, le budget 2018 prévoit de priver les agences de l’eau d’un quart de leurs moyens. Au nom des « arbitrages budgétaires », c’est la politique de l’eau qui est sacrifiée.

C’est un naufrage silencieux qui se joue dans les coulisses du budget 2018. Le projet de loi de finances, examiné en ce moment même par le Parlement, prévoit une ponction d’une ampleur sans précédent du budget des agences de l’eau. Syndicats du personnel et associations environnementales estiment que les six structures vont perdre un quart de leurs moyens. « C’est un nouveau coup dur qui va mettre à mal la politique de l’eau en France sacrifiée sur l’autel des arbitrages budgétaires », déploraient les présidents des sept comités de bassin dans une lettre publiée mi-septembre.

Pour bien comprendre les dessous de cette saignée, il faut se pencher sur le fonctionnement particulier de ces agences créées en 1964. (...)

Cerise sur le gâteau, Bercy a également introduit un « plafond mordant ». Concrètement, toutes les recettes perçues par les agences de l’eau au-delà d’un certain seuil retourneront directement dans les caisses de l’État. En 2018, « ce mécanisme devrait conduire à un dévoiement des redevances vers le budget général de l’État de 110 millions d’euros », précise Anahi Barrera, employée de l’agence Rhône-Méditerranée-Corse et membre du syndicat SNE-FSU. Or, « les agences travaillent sur une logique de six ans, avec des programmes étalés sur plusieurs années, souligne Jacques Pulou. Ce plafond annuel va les empêcher de mettre des sous de côté pour mener à bien des projets ambitieux. »

Et comme si ce n’était pas assez, 48 postes devraient être supprimés dès 2018, et 200 postes sur trois ans… alors que les agences ont de nouvelles missions à mener, comme la protection de la biodiversité ou l’adaptation au changement climatique. Dans ces conditions, « les objectifs de préservation et de restauration des milieux ne pourront pas être tenus » (...)

Au niveau local, élus locaux et membres des comités de bassin sont vent debout. Une grève a eu lieu le 28 septembre dernier dans les agences de l’eau. Et tous s’activent dans les couloirs du Palais-Bourbon et du Palais du Luxembourg pour tenter de rectifier le tir, avant l’adoption définitive du projet de loi de finances, mi-décembre.