
(...) un rapport publié début juin relève le fossés entre les objectifs de préservation de la biodiversité fixés par l’État et les moyens qui lui sont alloués… avant de recommander de revoir à la baisse ces objectifs, de mutualiser les établissements et de supprimer des postes.
« Cela fait des mois que l’on n’arrête pas de dire qu’il y a un problème d’effectifs. Le voir écrit aujourd’hui dans un rapport signé par des inspecteurs des finances, cela montre que ce n’était pas que du délirium de syndicalistes. » Patrick Saint-Léger, secrétaire général du Syndicat national de l’environnement-FSU, comme les autres syndicats mobilisés (CGT, FO), se saisit comme il peut de ce nouveau rapport, cosigné de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’environnement et du développement durable.
En mars dernier, les agents du ministère de la Transition écologique et solidaire manifestaient aux côtés des cheminots contre la baisse des effectifs et la dégradation de leurs conditions de travail. Les syndicats demandaient (et demandent toujours) des moyens humains et budgétaires supplémentaires (estimés dans un rapport de 2016 à plus de 200 millions d’euros) pour que le service public de l’environnement (Agence française de la biodiversité [AFB], agences de l’eau, Office national de la chasse et de la faune sauvage [ONCFS], directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement [Dreal], directions départementales des territoires [DDT]…) puisse assurer ses missions convenablement.
Des missions rendues « théoriques » faute de moyens
Pendant ce temps-là se déroulait une mission interministérielle relative à ces mêmes « opérateurs de l’eau et de la biodiversité ». Et, à l’arrivée, le rapport sur « l’avenir des opérateurs de l’eau et de la biodiversité » publié début juin, relaie l’alarme des syndicats. Il constate l’incohérence entre un « objectif particulièrement ambitieux » (la « reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » de la loi Biodiversité de 2016) et « la faiblesse, sinon l’absence, de moyens correspondants ». (...)
la mission assignée aux deux inspecteurs des finances et trois ingénieurs des ponts, eaux et forêts, consistait à faire le bilan des tentatives de mutualisation fixées par la loi de 2016, et proposer de nouvelles pistes d’économies. « L’ensemble de vos propositions auront vocation à alimenter les réflexions lancées dans le cadre du programme “Action publique 2022” », écrivaient dans la lettre de mission Nicolas Hulot, ministre de Transition écologique et solidaire, et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics. Ce programme, qui fait lui-même l’objet d’un rapport remis par un « comité d’experts », prévoirait une baisse de 30 milliards d’euros des dépenses publiques d’ici 2022, ainsi que la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires (conformément à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron).(...)
Au moment de la publication de ce rapport, Nicolas Hulot écrivait ouvrir « des concertations des différentes parties prenantes ». En fait, une simple adresse électronique à laquelle les volontaires peuvent envoyer leur contribution. « C’est un peu léger en matière de concertation. Le grand ministère ne pratique pas beaucoup la concertation, ou alors en apparence », remarque Patrick Saint-Léger. Les syndicats attendent donc que des décisions soient annoncées, peut-être début juillet, ou bien seulement à l’automne, au moment de la discussion du projet de loi de finances pour l’année 2019. (...)
« Si le plan biodiversité ne dit rien des moyens, c’est l’enterrement total de sa mise en œuvre » (...)
« Il y a un côté ubuesque, enchérit Naizil Nizaraly : On ne peut pas d’une part affirmer une vraie politique de développement, de préservation de la biodiversité et des milieux, et d’autre part réduire à ce point-là les moyens. »
Le « plan interministériel » ne serait-il que la face émergée de l’iceberg, destinée à cacher les coupes budgétaires et réductions d’effectifs dans les services de l’eau et de la biodiversité ? Une première partie de la réponse sera dévoilée ce mercredi par Nicolas Hulot (dont le cabinet n’a pas répondu à nos questions).
Lire aussi : Plan biodiversité : "on n’est pas assez dans le concret"
– INVITÉ RTL - Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux, réagit au plan biodiversité présenté par Nicolas Hulot ce mercredi 4 juillet. (...)
– Biodiversité : ce que contient le plan du gouvernement (et ce qu’en pensent les ONG)
Au cœur des dizaines de mesures, à l’esprit plus incitatif que contraignant, figurent la gestion des plastiques, la réduction de l’artificialisation des sols, le rôle des agriculteurs.(...)
Au total, le gouvernement chiffre à 600 millions d’euros sur quatre ans les crédits "supplémentaires" pour financer ce plan, dont 250 millions pour un vaste champ allant de la restauration des milieux au développement de la nature en ville, en passant par la lutte contre le plastique. Mais certaines de ces sommes étaient déjà connues.(...)
La présentation de ce plan biodiversité suscite des réactions contrastées du côté des ONG. (...)