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Mémoire des luttes
Le « hollandisme » ou la continuité du néolibéralisme à la française
Article mis en ligne le 14 novembre 2012
dernière modification le 11 novembre 2012

Dans le flot des commentaires qui ont précédé et suivi la publication du rapport Gallois et les annonces gouvernementales qui l’ont accompagné - sous le nom de Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi - on a jusqu’ici assez peu relevé l’intéressante analogie de répertoire entre les premiers mois du quinquennat Sarkozy et ceux du quinquennat Hollande :

le lancement, très médiatisé, peu après l’élection présidentielle, d’un rapport de référence commandé à un ou plusieurs « experts », le rapport Attali dans le premier cas et celui de l’ancien président d’EADS dans le second [1]. La méthode permet au gouvernement, inspiré par un travail de fond, de fixer un cap de politique économique, en particulier concernant les « réformes structurelles » nécessaires durant le quinquennat [2].

Sur la forme, l’analogie est d’autant plus nette que les « experts » sont issus, très majoritairement, du patronat et de la haute fonction publique économique et financière. Ils s’inscrivent dans une tradition « modernisatrice » pour laquelle la France, toujours « en retard » sur ses concurrents, doit entreprendre avec « courage » une série de réformes inspirées d’expériences étrangères qui garantiront sa croissance future. L’approbation, plus ou moins enthousiaste, des représentants patronaux et des principaux médias à l’égard des diverses propositions contenues dans les deux rapports les rapproche également. Instruments de politique publique, l’un et l’autre servent à mettre sur l’agenda un ensemble d’orientations qui cadrent la politique économique du pouvoir en place en mettant en avant l’expertise économique d’un ou plusieurs acteurs légitimes, situés entre la droite et la gauche de gouvernement. Ces orientations sont ensuite adoptées par le gouvernement.

Sur le fond, l’analogie est tout aussi frappante, et témoigne de la grande continuité en matière de doctrine économique entre le « sarkozysme » et le « hollandisme », ce dernier constituant une nouvelle forme d’une même doctrine que l’on peut appeler le « néolibéralisme » à la française avec ses deux variantes, dites « de gauche » et « de droite ». Sur la base d’un constat de déclin ou de crise du modèle français, étayé par des courbes aux tendances catastrophiques, l’horizon des « réformes » est la réduction rapide de l’endettement public et la recherche d’un regain de « compétitivité » de l’économie française dans le contexte de la mondialisation, et cela par l’entremise d’une « rupture » ou d’un « choc » [3].

Les moyens proposés pour y parvenir appartiennent à la même famille (...)