Les bonnes nouvelles s’avèrent parfois fort mauvaises. Le contraire est tout autant vrai, et surtout en Grèce par les temps qui courent. Ce matin 2 octobre, parmi les quatre des six députés de l’Aube dorée qui comparaissent devant les juges d’instruction, les trois (premiers ?) ont été libérés sous contrôle judiciaire, dont, Ilias Kassidiaris, porte-parole du parti il y a encore peu. La mise en libération des élus néonazis, bien qu’inculpés “d’appartenance à une organisation criminelle”, aurait pu être interprétée comme étant une bien mauvaise nouvelle, sauf que malheureusement nous devrions nous en réjouir. Et ceci pour une raison si évidente et qui pourtant échappe (ou “échappe”) complètement aux éditorialistes du journal “Le Monde”.
La dite “liquidation” de l’Aube dorée n’est pas un acte posé et pesée d’un gouvernement démocratique. Tous les spécialistes du droit en Grèce (à l’occasion traités de... bande de rigolos par les medias mainstream), tel Kostas Chryssogonos, répètent depuis le départ de cette affaire, que la procédure est en partie illégale et que la Constitution a été violée une fois de plus. D’ailleurs, l’immunité de ces députés n’a pas été levée au préalable, et la Chambre n’a pas statué et surtout, l’usage du chef d’accusation dans une procédure de “flagrant délit durable” ne repose sur aucune règle de droit, sinon qu’à moitié et encore. Le meurtre de Pavlos Fyssas ainsi que tous les autres commis par les membres de l’Aube dorée, ne peuvent pas relever du cas du flagrant-délit... durable et extensible. Et au gouvernement, c’est paraît-il le choc depuis ce matin.
Les députés du chef Michaloliakos, une fois libérés ils n’ont pas manqué à leur style ni à leur fond, les insultes à l’encontre des journalistes ont été la règle, voire, un coup de pied d’Ilias Kassidiaris, éloignant ainsi... violement le cameraman de l’Agence Reuters. L’opinion publique demeure toujours très dubitative et certains, à gauche au moins, n’ont pas la langue dans la poche : “Le totalitarisme parlementaire issu des partis du mémorandum et l’Aube dorée, sont l’avers et le revers de la même médaille”, peut-on lire sur le site de la mouvance gauche de Panagiotis Lafazanis au parti Syriza. (...)
Les éditorialistes du grand journal du soir à Paris auraient à ce propos déjà un certain retard par rapport à nous, retard d’un petit siècle presque. Car nous, nous ne nous permettrons plus jamais par exemple, une telle analyse statique pour na pas dire “statutaire” sur la gauche, la droite ainsi que sur les extrêmes. Hélas même, nous ne le pouvons plus. Notre histoire est un peu longue à raconter, mais enfin, il faut le faire. Elle est quotidienne, elle est accablante, elle produit de la politique et surtout elle est en train de la subir, elle brode alors du sens commun et de la déraison à tous les étages de la société grecque. Yannis Kalikatzaros, médecin du service public restant, évoquait d’une voix alors grave sur Real FM, la fréquence désormais très élevée en épisodes cardiaques pouvant entrainer la mort, chez les sujets qui justement ne bénéficient plus de droits sociaux. Et nous sommes pratiquement trois millions de bénéficiaires... de la mort potentielle en ce moment en Grèce, autrement-dit, sans aucune couverture de type assurance maladie. (...)
La presse grecque du jour enfin, n’évoque pas uniquement les suites dans “l’épiphanie” de la funeste Aube dorée, “épiphanie” en grec moderne signifiant également “de surface”. On vient d’apprendre qu’après trois ans de crise et donc de l’effondrement des cotisations sociales et de l’explosion du chômage (30% officiellement) et autant période de vol caractérisé des avoirs (titres) des caisses de la sécurité sociale et de prévoyance par les liquidateurs de la Troïka, c’est-à-dire, au profit des fonds spéculatifs qui en réalité dirigent la Grèce, eh bien, après trois ans de mémorandum, l’heure arrive où le montant des retraites baisseront au niveau d’une allocation de survie, et encore.
Ce même jour, le ministère des finances annonce son projet de loi quant au futur remboursement des dettes des “citoyens” envers l’État. Dorénavant, et à défaut de toute autre possibilité, les... sujets hellènes, pourront alors régler ces dettes en nature, plus précisément, en transférant la propriété de leurs biens immobiliers à l’État. Il a été souligné que dans pareil cas, l’administration “ne rendra pas la monnaie” lorsque la valeur du bien, dépasse alors le prix de la dette. L’âge des extrêmes c’est alors chez nous, en dans ce sens, nous sommes bel et bien un poste avancé du futur, du méta-capitalisme, de la négation même du concept de la propriété privée et du génocide économiquement organisé. (...)