
Plusieurs annonces récentes, comme celle de la création de la “Filière française de l’eau”, ou celle d’un “Indicateur de qualité” associé à la facture d’eau témoignent de l’emprise sans limite qu’exercent désormais les grands opérateurs privés du secteur sur l’appareil d’Etat et la prise de décision publique.
L’emprise des acteurs privés sur l’appareil d’Etat, les institutions et la prise de décision publiques est fréquemment caricaturée sous l’angle des “lobbyistes”, corporation exotique qui se livrerait au trafic d’influence à grande échelle à proximité des lieux de décision, en y organisant des déjeuners, des rencontres, des auditions... lors desquelles les élus seraient subornés par de sulfureux porteurs de valises.
Ce fabliau pour Lapins crétins, que l’on perfectionne ensuite en prônant la création de “registres” de lobbyistes à l’Assemblée ou au Sénat, comme le propose le projet de loi “Sapin II” ne résiste pas à l’examen.
L’influence délétère des acteurs privés s’exprime en effet, loin de ces billevesées, au coeur même de l’appareil d’Etat et de la décision publique, par le biais d’une foule de canaux et de dispositifs étonnamment “transparents”, si l’on veut bien y regarder de plus près au lieu de brasser du vent et de multiplier les envolées démagogiques, comme y excellent les défenseurs auto-proclamés des “communs”, tarte à la crème de la période.
La machine de guerre du COSEI
Issue de la réflexion du « groupe eau » du Comité stratégique de la filière des éco-industries (COSEI), un groupe de travail créé à Bercy, la « Filière française de l’eau » vise à communiquer autour des « bonnes pratiques de la filière » auprès du grand public et des maîtres d’ouvrage jugés « frileux ».
Une nouvelle marque vient ainsi de voir le jour dans le secteur de l’eau. En prétendant rassembler tous les acteurs gravitant autour de la thématique, « La Filière française de l’eau » vise à valoriser les politiques d’investissements dans les infrastructures d’eau et d’assainissement.
Un souci qui confine à la panique, quand les prélèvements de l’Etat dans la trésorerie des Agences de l’eau, la création de l’Agence française de la biodiversité (AFB), qui va être financée en siphonnant, via l’Onema, les mêmes Agences de l’eau, le retrait des Départements (qui allouaient il y a encore sept à huit ans 700 millions d’euros chaque année à l’adduction d’eau et à l’assainissement), ou encore le gel des dotations aux collectivités locales dessinent le spectre d’une inquiétante crise financière qui affole tous nos amis du genre humain… (...)