
Le principe d’autodétermination, l’un des socles des droits de l’homme, est aujourd’hui gravement bafoué par la France, dans l’indifférence générale et le silence complice des principales formations politiques du pays
Révélée avec fracas par WikiLeaks, l’industrie de « l’armement numérique » vend, aux quatre coins du monde, les outils nécessaires à la surveillance des populations et au filtrage d’Internet.
Depuis que le peuple tunisien a montré aux yeux du monde que Facebook pouvait tout à fait remplacer la Kalachnikov à des fins de renversement d’un régime autoritaire, le marché de l’armement numérique explose.
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Il était, l’an dernier, estimé à dix milliards de dollars par WikiLeaks. Comme pour d’autres types d’armes, la France n’est pas en reste. Le pays des droits de l’homme est à ce jour l’un des leaders mondiaux, ses marchés vont de l’Asie du sud-est à l’Afrique de l’ouest, mais son territoire de prédilection pour la fourniture de ces armes – qui, rappelons-le, ne servent qu’à oppresser des populations civiles – est le monde arabe. (...)
Sans ces technologies, il serait difficile pour ces candidats au prix Nobel de la paix que sont Mahmoud Ahmadinejad ou Bachar el-Assad de réprimer leur opposition politique, et étouffer toute tentative de soulèvement. Sans la France, le printemps arabe aurait peut-être une toute autre physionomie. (...)
Si l’enquête sur ce marché très discret est partie de France, elle y reste très discrète. Seuls quelques initiés sont au courant de cet état de fait. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis, où le Wall Street Journal et Bloomberg ont relayé et poursuivi l’enquête, ni bien sûr dans le monde arabe, où Al Jazeera s’en est largement fait l’écho. En France, silence. (...)
l’absence totale de débat national sur un sujet aussi grave ne sera pas sans conséquences, car le problème va bien au-delà de l’éternelle bataille de salon entre le bien et le mal.
Au vu des sommes que représentent ces contrats d’armement, nous avons à faire là à une part importante de l’économie numérique française (qui elle représente entre 2 et 3% du PIB), ainsi qu’à un nombre conséquent d’emplois, qualifiés, qui plus est.
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