Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Telerama
Le maire d’Alep implore la communauté internationale : “Le conseil de sécurité, c’est un conseil de tueries”
Article mis en ligne le 3 décembre 2016

Sur le point de tomber après trois mois de siège, la ville va de nouveau subir d’intenses bombardements ce week-end. De passage à Paris, le maire des quartiers rebelles d’Alep appelle à l’ouverture de corridors humanitaires pour sauver la population prise au piège.

quoi ressemble le maire des quartiers rebelles d’Alep ? A une moustache fine surmontée d’un regard noir et perçant. Brita Hagi Hassan fume une Gauloise dans le canapé d’un appartement mis à sa disposition par l’association des Amis d’Alep, près de la place de la République, à Paris. Le président du conseil local des quartiers rebelles d’Alep-Est a quitté le volcan syrien et a pu passer la frontière turque à Gaziantep grâce à un laisser-passer délivré par les autorités.

C’est la mission de la dernière chance. Il est épuisé. Il enchaîne les interviews pour marteler son message désespéré alors que les quartiers de la ville tenus par la rébellion sont sur le point de tomber après cent jours de siège et des années de bombardement sauvage : « Ma mission, c’est faire entendre la voix de ces femmes, de ces enfants qui meurent à Alep Est. Après tout ce que la communauté internationale n’a pas fait pour empêcher ce désastre, on lui demande simplement de garantir des corridors humanitaires pour que la population puisse quitter la ville, des corridors sous supervision de l’ONU. » (...)

le maire d’Alep-Est a rencontré Jean-Marc Ayrault pour lui demander d’appuyer cette requête juste avant une réunion à l’ONU sur le sujet, tenue le mercredi 1er décembre. Le patron du Quai d’Orsay a opiné du chef en l’écoutant sans rien promettre. Et la réunion à l’ONU, sans surprise, n’a rien donné. Les Russes ne veulent rien entendre. Pour eux, la révolution syrienne n’est pas une révolution, juste du terrorisme qu’il faut éradiquer. Un dialogue de sourds.

Alep-Est est pourtant dans une situation tragique, un « gigantesque cimetière en devenir », selon Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, qui a supplié publiquement les protagonistes de sauver les vies des civils.

Sans corridor, la souricière n’a pas d’issue. Les civils qui s’enfuient vers les zones ouest d’Alep contrôlées par le régime sont divisés en deux groupes. Les hommes de 18 à 40 ans sont arrêtés et interrogés. Ceux contre lesquels aucune charge n’est retenue doivent rejoindre le service militaire obligatoire et combattre auprès d’une armée qui les pilonne depuis des mois. « Ceux qui ont eu affaire avec la révolution, même sans avoir touché une arme, les secouristes, les civils, sont exécutés », selon Brita Hagi Hassan. Quant aux femmes et enfants, ils sont enfermés dans des camps militaires. « Les gens qui restent dans les quartiers attendent la mort, soit par baril d’explosifs, soit par la faim. Depuis des mois, nous annonçons que nous courrons vers une catastrophe. Personne ne nous a écoutés. Nous y sommes. » (...)

En décembre 2013, débutent les violents bombardements aux barils d’explosifs. Jusqu’à aujourd’hui, malgré les bombes, le conseil d’Alep n’a jamais cessé de fonctionner. « Le régime veut éteindre toute initiative qui donne une bonne image de la révolution, une image pacifique. Mais il n’arrive pas à éteindre le feu de la révolution. Il n’y arrivera jamais. Nous sommes même devenus un objectif pour le régime et les Russes qui disent ne combattre que des terroristes. Un conseil civil qui mène un travail civil, en dehors de la bataille, loin des kalachnikov, ça fait désordre. » (...)