
La mort d’Audrey Adam, tuée le 12 mai dans l’exercice de ses fonctions, a été passée sous silence médiatique, ou presque nous confirme l’équipe de journalistes de Libération en charge de vérifier les « Fakes News » qui circulent sur les réseaux sociaux. Ce travail d’introspection de la presse est tout à l’honneur de ce journal qui est allé à la source de ce que certains à France Info avaient initialement considéré comme un fait divers et non un fait de société. (la rédaction de Franceinfo a par la suite diffusé différents sujets sur cette actualité).
Libération a fait les comptes : Les principaux articles à propos de cet assassinat ont été rédigés par le quotidien local, l’Est éclair, qui, à mon avis, a précisément relaté les faits survenus et suivi leur évolution. Il faut préciser aussi que « certains médias nationaux ont repris une courte dépêche de l’AFP, rapportant les éléments du procureur concernant le décès de la victime et de son meurtrier. Le Monde et la Croix sont revenus plus longuement sur ce meurtre sous l’angle de la colère des assistants sociaux, ignorés par le gouvernement. L’Humanité y a consacré un éditorial ».
Libération reconnait ne pas avoir publié d’article à ce sujet. La rédaction parle d’une omission, mais « n’écarte pas l’idée de revenir sur ce meurtre et les conditions de travail des assistants sociaux bientôt ». Cette relative absence d’intérêt journalistique pour le meurtre de notre collègue conseillère en économie sociale familiale (CESF) a été dénoncée par les travailleurs sociaux dont certains se mobilisent. La pétition du collectif Travail Social Demain a recueilli plus de 45.000 signatures (...)
Des auditeurs de Radio France ont reproché « aux chaînes du service public, le manque de couverture médiatique, comme le souligne Emmanuelle Daviet, la médiatrice des antennes de Radio France dans sa lettre du mois de mai. » (...)
Le journal Libération constate aussi qu’aucun ministre ne s’est déplacé immédiatement dans l’Aube, comme les ministres de l’Intérieur peuvent le faire pour le meurtre d’un policier. Cela contribue à provoquer un ressentiment des travailleurs sociaux à l’encontre du gouvernement accusé de n’agir que dans un sens même s’il y a eu quelques réactions ponctuelles (Brigitte Bourguignon, Adrien Taquet, Emmanuelle Wargon). Il y a peut-être aussi une dimension politique à observer : les policiers et forces de l’ordre sont plutôt classés à droite de l’échiquier politique tandis que les travailleurs sociaux sont souvent considérés de gauche par certains élus. Ce clivage qui porte plus sur les idées que sur l’appartenance à un parti a-t-il joué dans la médiatisation ? Est ce plutôt dû à un manque de représentation nationale des travailleurs sociaux dont les employeurs sont disséminés dans les Départements ? Il est vrai que les syndicats de policiers sont très présents dans les médias et se font entendre. Rien de tout cela dans le secteur du travail social.
Le zoom de la rédaction de France Inter
En tout cas des réactions arrivent maintenant. Hier matin le zoom de la rédaction de France Inter est venu sur ce sujet en titrant : « Assistantes sociales : le grand malaise d’une profession« . L’article place cet assassinat dans un contexte plus large en rappelant par exemple qu’une assistante sociale de Troyes avait déjà été violemment frappée par un usager. (...)
Claire Chaudière journaliste a interrogé David Bernard est le secrétaire de la section CFDT du conseil départemental de l’Aube : « »Tout le monde se demande ce qui fait que des personnes s’en prennent à ceux qui viennent les aider. Cela paraît tellement paradoxal. Cet assassinat, c’est l’horreur absolue. Mais cela fait remonter les peurs de la violence plus quotidienne : les insultes au téléphone, les visites à domicile qui se passent mal »… (...)
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Drame de Virey-sous-Bar : La légion d’honneur pour Audrey Adam
Audrey Adam va être nommée au grade de chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. C’est le président Emmanuel Macron lui-même qui l’a annoncé à Philippe Pichery, dans un courrier que ce dernier a reçu ce vendredi 11 juin.
Le président du conseil départemental de l’Aube avait formulé cette demande auprès du président de la République lors de sa visite à Pont-Sainte-Marie le 19 mai.
Audrey Adam, conseillère en économie sociale et familiale du conseil départemental, est décédée dans l’exercice de ses fonctions, lors d’une visite à domicile chez un octogénaire qui aurait ouvert le feu sur la trentenaire, mère de deux enfants, avant de retourner l’arme contre lui. Dix jours plus tard, un millier de personnes se sont réunies pour une marche blanche à Mergey. (...)
« Si elle ne peut, en rien, atténuer la douleur de la perte, cette décision du chef de l’État constitue assurément un acte très fort pour les proches et les collègues d’Audrey Adam, commente Philippe Pichery. Cette décision marque la reconnaissance, au plus haut niveau de l’État, du rôle essentiel des travailleurs sociaux et médico-sociaux qui chaque jour œuvrent, dans l’ombre, auprès des plus fragiles d’entre nous dans des conditions par nature souvent difficiles et complexes. »
La fin d’un silence assourdissant (...)