
1. L’Islande a dit à l’IMF d’aller se faire voir, de partir, a quitté le programme de l’IMF etc.
Non, ce n’est pas le cas. Il suffit de regarder la page de la synthèse du FMI pour l’Islande et de lire les rapports.
https://www.imf.org/external/countr...
(Trop de choses à lire ? Eh bien, bouhou. Ne pas prétendez pas savoir ce qu’est la relation entre l’Islande et le FMI tant que vous n’aurez pas lu.)
Même un regard superficiel devrait vous apprendre que l’Islande n’a pas jeté le FMI hors du pays et que le FMI ne tarit pas d’éloges pour l’Islande et notre gouvernement et que l’Islande a suivi les conseils du FMI à la lettre. Il y a d’autres détails, si vous avez lu dans les archives, qui sont intéressants, comme le fait que, dans plusieurs cas, surtout quand il a été question des banques, l’Islande est en fait allée plus loin dans la logique libertarienne que ne le recommandait le FMI [ndt : libertarian, voir cette définition]
2. L’Islande a dit aux créanciers d’aller se faire voir.
Oui et non. L’Islande n’a pas renfloué les banques effondrées, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Si vous aviez lu le Rapport de la Commission Spéciale d’Investigation vous auriez pu y trouver que le gouvernement islandais a tenté tout ce qu’il pouvait pour sauver les banques, y compris en demandant des prêts insensés pour payer les dettes des banques. (...)
la véritable histoire c’est que l’Islande a essayé et essayé et essayé et essayé aussi fort que nous le pouvions de sauver les créanciers. La seule raison pour laquelle nous n’avons pas réussi, c’est que le gouvernement islandais, hier comme aujourd’hui, est complètement incompétent.
Choses absurdes que les officiels islandais ont fait tout en essayant d’obtenir un soutien international (mentionnées dans le rapport) :
Prendre une réponse évasive mais positive de la part des Russes pour un accord de prêt, fâchant les Américains et les Russes et résultant en aucun prêt de leurs parts à tous les deux.
Ne pas répondre à l’appel téléphonique d’Alistair Darling (à l’époque chancelier de l’Échiquier – ministre des Finances du Royaume Uni). Ils l’ont littéralement mis en attente, puis lui ont dit de rappeler plus tard et ont raccroché.
Annoncer à la télévision en direct que nous n’allions pas aider les créanciers, y compris les déposants, alors qu’ils étaient en pleine négociation pour le financement du sauvetage desdites banques. Puis revenir en arrière pour obtenir de l’aide de l’UE.
Mentir au gouverneur de la Banque d’Angleterre et au président de la Banque Centrale Européenne à propos de l’état des banques.
Et bien plus encore. Tout est dans le rapport spécial. Lisez-le si vous vous souciez de ce qui s’est passé en Islande. La version courte est qu’ils ont essayé de sauver les banques, de sauver les créanciers et ont complètement foiré.
(...)
Autres morceaux choisis de ce rapport : les parlementaires islandais ont reçu de la part des banques beaucoup d’argent gratuit sans obligation liée, et les acteurs clés de la bulle bancaire et de l’effondrement en suivant ne sont pas les mêmes que ceux qui ont été reconnus coupables de fraude ou de délit d’initié.
À l’exception de deux :
Le chef de cabinet d’un ministère (également mon homonyme) qui a vendu la totalité de ses actions, peu après avoir assisté à une réunion sur l’état des banques a été condamné pour délit d’initié. Baldur Sakfelldur. La seule raison pour laquelle il a été condamné est qu’il était trop stupide pour même essayer de brouiller les pistes.
Et Lárus Welding, que certains considèrent comme un acteur clé et est mentionné à plusieurs reprises dans le rapport, a été condamné hier et sera emprisonné pendant six mois, plus trois mois de probation. Il conserve tout l’argent qu’il a fait et compte faire appel.
(...)
le gouvernement n’a techniquement jamais nationalisé les banques, il a juste pris le contrôle en utilisant une loi d’urgence après qu’elles ont fait faillite. Alors qu’il semble raisonnable d’appeler nationalisation le contrôle et la gestion par le gouvernement des banques, et même si l’on appelle cela familièrement une nationalisation, à proprement parler le terme ne s’applique pas ici. Ce qui fait tout simplement du mantra « L’Islande a nationalisé ses banques » encore plus un mensonge.
Le gouvernement a confié le contrôle des banques aux créanciers à peu près quinze mois plus tard.
Ou, techniquement, ils ont remis le contrôle des banques aux receveurs [?], gérant les anciennes banques du secteur, qui à leur tour les gèrent pour les créanciers, plusieurs d’entre-eux n’ayant pas été identifiés.
Établir l’identité des créanciers et leur nationalité a pris beaucoup de temps et est encore relativement incertain.
La nationalité des créanciers est importante parce que les banques ont repris plusieurs entreprises dont la propriété est réglementée par la loi en Islande. (...)
les banques sont sous le coup d’enquêtes pour fraude, évasion fiscale, manipulation du marché et délit d’initié. Dès que les créanciers ont repris les banques, les banques elles-mêmes (en particulier les filiales à l’étranger, mais détenues entièrement [sous propriété islandaise ? ndt]) sont devenues beaucoup moins coopératives et ont commencé à se protéger à nouveau derrière le secret bancaire.
C’est mon avis qu’en redonnant aux banques [le contrôle ? ndt] si tôt, le gouvernement a détruit le peu de chance que l’Islande avait pour la réforme bancaire et a saboté les enquêtes criminelles en cours. (...)