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Greek Crisis
Le naufrage Samaras
Article mis en ligne le 31 décembre 2014
dernière modification le 30 décembre 2014

Décidément, le temps est à l’orage et aux sauvetages. Lundi 29 décembre, au troisième et dernier tour de l’élection présidentielle au Parlement, l’ancien commissaire européen Stávros Dímas n’a obtenu que 168 voix, loin des 180 voix nécessaires à son élection. Suite au naufrage de Samarás, l’assemblée sera dissoute et des élections législatives anticipées seront organisées très probablement à la date du 25 janvier. Sauvetage alors en vue ?

Fatalement, le temps est à l’orage et aux sauvetages, ces derniers, plus difficiles que jamais. Les medias en Grèce et en Italie diffusent en boucle depuis dimanche matin 28 décembre, les séquences tournées lors de la très délicate opération de sauvetage en cours, pour évacuer les passagers et les membres d’équipage à bord du ferry italien “Norman Atlantic”.

La veille, Antónis Samarás, le lugubre Premier ministre, apparaissait à la télévisons grecque pour une bien piètre interview. Pour ce qui est du ferry italien parti du port de Patras en direction du port d’Ancône et affrété par la compagnie grecque ANEK, l’incendie s’est déclaré dimanche matin, le tout, dans un très mauvais temps au large de l’Albanie. La suite (nous) devient connue au fil des heures. Sauvetage, agonies et... hélas, pertes.

J’ai alors remarqué que de manière disons très légère, certains commentaires venus tout droit des... fauteuils et des autres sofas installés chez les téléspectateurs au pays à la fois naufragé et incendié, ironisaient sur Antónis Samarás et sur “son incapacité de sauver les malheureux passagers du ferry en feu” et j’en passe. Paroles en l’air et paroles de naufragés dans une mer agitée. Cependant, ce qui a été exprimé ainsi, tient du sentiment d’écœurement largement partagé en Grèce, quant à l’incapacité de Samarás. Comme si les gens découvraient brusquement la lune ; notre si grand satellite... demeuré invisible du temps des élections de 2012. Donc, attendons le scrutin de janvier ! (...)

Yannis vient d’installer chez lui un chauffage au bois avec récupérateur de chaleur et distribution d’air chaud dans les différentes pièces de son habitat, tandis que son bois n’est pas toujours acheté. Le domaine du village offre... des possibilités près de la rivière ! Évidemment, il devient pénible de sortir de chez soi surtout vers le soir au village, tant l’air campagnard est chargé d’une fumée épaisse et irritante, tandis qu’à Athènes et pour les mêmes raisons, toute cette semaine a été vécue sous le signe du smog.

Les autorités (autorités par euphémisme), ont lancé des appels à la retenue quant à l’usage des cheminées et des autres poêles à bois, en vain. Le Tout-Athènes majoritaire brûle son bois, ses granulés, ses vieux meubles... et brûlerait d’envie de voter SYRIZA, contrairement à Trikala et aux autres provinces où le sens de l’histoire relèverait d’une sémantique sensiblement plus décalée. Tout reste pourtant à prouver, et il n’y qu’à attendre encore quelques semaines. (...)

le tourisme d’hiver a repris du poil de la bête en cet hiver 2014 et aux dites destinations de montagne autour de Tríkala, sauf que cette bête... apparaît aux yeux des autres et des paupérisés, comme étant plus ignoble que... celle de l’ancien pays du Gévaudan. “Ils sortent d’où cet argent tous ces gens alors que nous... nous trépassons et nous mourons de froid”, se demande Stérgios, le beau-père de Yannis.

Question à peu près rhétorique. “Alors je crois savoir. Un tiers des gens, appartiennent encore à la portion des aisés. Or, deux personnes sur trois, se classent alors dans les deux tiers des plus modestes, tandis qu’avant la crise, 70% des gens pratiquaient alors cette forme de tourisme, ou à la limite une autre. Ce n’est plus le cas et à ce train-là dans l’avenir, seulement 10% des Grecs auront encore cette possibilité”. (...)

Au centre ville de Tríkala et sur la façade vitrée d’une agence bancaire fermée, sous l’affichette “à louer” on y découvre aussi l’affiche d’un petit mouvement de gauche au message clair : “Drachme, ici et maintenant. L’Euro représente les chaînes de la servitude imposée par l’Allemagne à la société grecque. L’euro est une malédiction ! (...)

je remarque que le regard sociétal change devant la richesse. Lorsque la grande majorité de l’ancienne classe moyenne passe l’hiver en grelotant dans les appartements de plus de 100 m2, eh bien... la haine domine et alors même elle commande. S’agissant des malheureux rescapés de l’incendie du ferry “Norman Atlantic” finalement remorqué jusqu’au port de Bari en Italie, certains esprits ont pu même écrire cela sur internet, sous forme de commentaire : “Salopards, enrichis et escrocs. Vous vouliez passer le réveillon dans les Alpes alors que nous, nous mourons de froid et du chômage. Dommage que le navire n’ait pas sombré et vous avec”. Société... alors degré zéro de l’écriture ! (...)

le cheptel grec subit la plus grande catastrophe depuis les années de l’autre guerre et de la Guerre civile, celles des années 1940. Les épizooties des années 2013 et 2014 sont sans précédant et comme plus aucune prévention n’est pratiquée suite au délabrement volontairement imposé aux services vétérinaires de l’État, rien ne va plus.

Foúlis, vétérinaire rencontré dans un café d’un village des montagnes à la région de Tríkala est plus que dépité : “Nous étions davantage qu’une trentaine au service il y a trois ans, nous n’y restons que six. Rien que la surveillance sanitaire des cinq abattoirs que compte le département demeure une tâche ardue et très lourde. Au même moment, nos montagnes sont remplies de cadavres des bêtes. Personne ne les ramasse. (...)

La bourse athénienne a encore chuté lundi 29 décembre, déjà une bonne nouvelle, tandis que la marionnette Samarás a fait sa dernière pirouette, à la manière d’un bien sinistre Éphialtès (en grec c’est à la fois le traître de sa patrie et aussi le cauchemar).

Sa “gouvernance”, par emails expédiés depuis les salles de jeu de la Troïka, à Bruxelles ou à Berlin ne nous manquera certainement pas. Une bien courte période électorale commence, on sait que tout l’art de la mécanique sociale et du terrorisme propagandiste seront employés pour empêcher l’arrivée au pouvoir de SYRIZA et d’Alexis Tsípras. Pourtant, les deux photos publiées par le quotidien mainstream lundi 29 décembre en disent long sur les suites éventuelles des événements. (...)

Les plumes journalistiques au service des oligarques crapuleux, ont déjà emprunté leur... Chemin des Dames : “L’Europe en a des sueurs froides. La perspective d’élections législatives anticipées se rapproche en Grèce et le parti de la gauche radicale SYRIZA, qui promet de faire annuler le programme d’austérité et d’effacer la dette, est aux portes du pouvoir. A quelques milliers de kilomètres d’Athènes, en Espagne, la formation d’extrême gauche eurocritique Podemos (‘nous pouvons’) s’arme pour les législatives de 2015, avec des chances de l’emporter. Fin novembre, les sondages plaçaient le parti de Pablo Iglesias en tête, devant le Parti populaire (PP, droite) du premier ministre Mariano Rajoy et le Parti socialiste. Au Portugal, à Chypre ou en Irlande, les mouvements d’extrême gauche séduisent aussi des électeurs épuisés par une rigueur imposée ‘d’en haut’, depuis Bruxelles, et nostalgiques d’un État-providence généreux”, (“Le Monde” du 28 décembre). Il y a de quoi trembler un certain retour des peuples et de la Phronesis, face à la démesure et face aux crimes du financierisme totalitaire (au demeurant... grand maître des médias) et qui ne sera pas eternel. (...)

“Nous ne voulons plus mourir pour que ces escrocs puissent continuer à vivre dans l’opulence. Nous désirons leur mort et enfin, la démocratie”, paroles d’Anna, voisine d’Athènes et... expression forte quant à certaines mentalités du tout dernier moment.

Plus que SYRIZA et ses positions politiques, c’est le déclic probable et la dynamique qui pourraient en découler que nos oligarchies eurocrates appréhendent, et c’est normal. Décidément, le temps est à l’orage, aux sauvetages... et à la guerre. Navigation à vue et incertitudes.