
Dans son rapport rendu public, et dans une grande indifférence, la Commission nationale informatique et libertés démontre avec prudence et efficacité à quel point la "grande surveillance" de nos vies achève de se mettre en place alors que cette CNIL se déclare impuissante à réglementer la vidéosurveillance développée à Paris et ailleurs par la ministre de l’Intérieur.
Il y a une quinzaine d’année encore, le rapport annuel de la Commission Nationale Informatique et libertés (CNIL), dans une société moins surveillée et fichée qu’aujourd’hui, faisait les grands titres des médias. Il ne reste plus grand chose de cet engouement : comme si, de la majorité des citoyens à la majorité des journalistes, était venu le temps de la résignation, de l’habitude...
Pourtant, la lecture du rapport d’activité de la CNIL pour 2008, rendu public hier, une fois dépoussiéré de sa langue que l’on qualifiera soit de diplomatique soit de bois, selon son choix, est édifiant. Des fichiers de la police (le STIC) à ceux de la gendarmerie (JUDEX) en passant par les fichiers privés, les 38 pages du rapport racontent comment les citoyens sont surveillés, étiquetés et promis à des interdictions professionnelles.
Dans un encadré intitulé « près de chez nous », la CNIL rappelle à quel point l’information de nos vies devient un risque permanent. Novembre 2007 : des cédéroms contenant les données bancaires de 25 millions de contribuables sont égarés par les services fiscaux britanniques….
...avant les mots prudents du rapport, le sénateur Alex Türk, peu suspect de militer dans les troupes « anacho-gauchistes » dénoncées par la ministre de l’Intérieur, écrit notamment ce que l’on peut interpréter comme un véritable appel au secours même s’il est connu que chacun des mots a été soigneusement pesé :
« Plus aucun secteur d’activité, plus aucune parcelle de notre vie individuelle et collective, n’échappe désormais au développement et à la pression des technologies nouvelles de l’information. Dès lors, plus aucun aspect de la vie en société n’échappe à la réflexion et à l’action de notre commission. C’est dire combien je mesure le poids de nos responsabilités, mais aussi l’intensité des attentes de nos concitoyens et l’exigence de la demande des pouvoirs publics.
Comment faire face ? C’est simple : il faut être indépendants, compétents et efficaces ! ..."