
Nous reproduisons, avec l’aimable autorisation de son auteur et du Ravi, un article publié le 16 janvier sur le site du Ravi. L’occasion de rappeler l’appel aux dons lancé il y a plusieurs semaines par le journal (Acrimed).
Ce qu’il y a de bien, pour les défenseurs du pluralisme de la presse, c’est qu’en ce moment, il y a l’embarras du choix : en Paca, le Ravi, La Marseillaise, Nice-Matin, au national Libération et beaucoup d’autres titubent… Si après avoir vidé votre porte-monnaie pour le Ravi, il vous reste quelques euros, deux autres appels viennent d’être lancés par Siné Mensuel et Charlie Hebdo. Et les deux satiriques d’assurer que les dons seront défiscalisés. Ce que ne peut plus faire le Ravi, suite à une joyeuseté du fisc privant l’association qui édite le journal de la possibilité d’émettre des rescrits fiscaux ! Pour bénéficier à nouveau de la ristourne de 66 %, nous pourrions toutefois adhérer à « Presse et pluralisme ». Mais il faut pour cela s’affilier à un syndicat professionnel de la presse. Coût de cette « formalité » ? L’équivalent de l’impression d’un numéro ! On vous rassure, des dons à l’ordre de « la Tchatche » pour le Ravi sont toujours possibles mais sans abattement fiscal...
Sans « crowfunding » point de salut
Sale époque ! Pour faire la manche, faut jouer des coudes. Ainsi, quand Acrimed, l’observatoire des médias, a relayé les appels du Ravi et de Siné, le mensuel CQFD, édité à Marseille, tout en s’en faisant l’écho, s’est fendu de ce commentaire : « On est un peu oublié sur ce coup-là mais ça veut pas dire que CQFD n’a pas besoin de vous. » À croire que la presse « pas pareille » a trouvé son modèle avec le... financement participatif ! Le fameux « crowdfunding » dont les premières rencontres méditerranéennes se sont tenues début novembre à Marseille.
Au sein de la coordination des médias libres, née fin mai à Meymac en Corrèze, il n’y a pas que le Ravi qui vacille. Le magazine toulousain Friture Mag, créé en 2006, vient, lui, de se replier sur le net. Même du côté des radios, malgré la « sécurité » qu’assure le fonds de soutien à l’expression radiophonique (le FSER), cela n’a pas empêché trois radios marseillaises, Galère, Grenouille et Zinzine, de se retrouver devant le conseil d’État, NRJ les accusant, en substance, de « concurrence déloyale » pour avoir osé expérimenter, avec l’aval du CSA, la radio numérique terrestre ! (...)
De fait, au-delà de la presse et des médias pas pareils, c’est l’ensemble du système qui est à bout de souffle. Paca est un observatoire de choix. Jamais on n’a vu une telle hécatombe. Alors que nous planchions sur ce numéro, dans notre boîte atterrit le gratuit arlésien le César. En une : « Nous étions un journal. » Sous l’édito, « clap de fin », un billet au vitriol : « Le CR Paca m’a tuer. » Car si le gratuit cite « Michel Vauzelle » parmi ses « compagnons de route », le Conseil régional est accusé d’avoir « zappé » le César, un manque à gagner sur trois ans de « 200 000 euros » !
La Marseillaise déchante
Mais le coup de semonce, c’est le dépôt de bilan de La Marseillaise. En cessation de paiement, le quotidien qui fête ses 70 ans est, pour six mois, en redressement judiciaire. (...)
Pour le fondateur de Mediapart, « aujourd’hui, une presse indépendante qui ne vit, pour l’essentiel, que de ses lecteurs, a du mal, économiquement, à s’imposer. Il faut repenser l’écosystème de la presse. Une grande loi cadre sur le droit à l’information est nécessaire ». Et d’assurer qu’il sera « disponible pour soutenir toutes les rédactions qui se battent pour leur indépendance et leur survie ». A contrario, le ministère de la Culture et de la Communication, malgré nos relances, n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.