Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Monde
Le prix Nobel de littérature 2021 attribué au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah
Article mis en ligne le 8 octobre 2021
dernière modification le 7 octobre 2021

Le natif de Zanzibar, auteur de dix romans dont « Paradise » et « Près de la mer », a été récompensé pour sa narration « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents » ».

Ce prix est une surprise et de nombreux critiques et éditeurs ont confessé qu’ils ne connaissaient pas l’écrivain, absent de la liste des pronostics, même comme simple outsider. Son propre éditeur en Suède, Henrik Celander, a expliqué à la presse suédoise qu’il n’aurait jamais imaginé qu’il décroche le Graal littéraire. Quand l’Académie suédoise a appelé, « j’ai cru à une blague », a même confié Abdulrazak Gurnah.

Né en 1948 sur l’île de Zanzibar, Abdulrazak Gurnah est arrivé au Royaume-Uni en tant que réfugié à la fin des années 1960. Il est l’auteur de dix romans, dont Près de la mer (2001) (...)

Les réfugiés d’Afrique « ne viennent pas les mains vides »

Abdulrazak Gurnah a appelé l’Europe à voir l’arrivée des réfugiés venus d’Afrique comme une richesse. « Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides », a affirmé l’écrivain dans une interview à la Fondation Nobel, appelant à changer de regard sur « des gens talentueux et pleins d’énergie ».

Jusqu’à sa récente retraite, il était professeur de littérature anglaise et postcoloniale à l’université du Kent, à Canterbury, où il était un fin connaisseur de l’œuvre du Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka et du Kényan Ngugi wa Thiong’o, qui figurait parmi les favoris pour le Nobel cette année. Il est le premier auteur noir africain à recevoir la plus prestigieuse des récompenses littéraires depuis Soyinka, en 1986. L’an passé, c’est la poétesse américaine Louise Glück qui avait été sacrée pour son œuvre « à la beauté austère ». (...)

La Tanzanie a aussitôt salué cette distinction. « Vous avez sans aucun doute rendu justice à votre profession, votre victoire est celle de la Tanzanie et de l’Afrique », a déclaré sur Twitter le porte-parole du gouvernement, à l’adresse du natif de Zanzibar, cet archipel situé au large des côtes tanzaniennes.

Parmi les 118 lauréats en littérature depuis la création des prix, 95, soit plus de 80 % sont des Européens ou des Nord-Américains – la France, à elle seule, s’est vu décerner 13 % des prix. Ils sont 102 hommes au palmarès pour 16 femmes. (...)

C’est la deuxième fois en trente-cinq ans qu’un auteur noir africain reçoit le prix Nobel de littérature après le Nigérian Wole Soyinka en 1986. (...)