
Un graphique circulant parmi les soutiens de la majorité fait état d’une hausse plus importante, en pourcentage, du niveau de vie des plus pauvres que de celui des plus aisés. Mais si on regarde en valeur absolue, la tendance s’inverse.
C’est un graphique qui a beaucoup circulé parmi les membres de la majorité. Publié lundi dans les Echos, il dresse le bilan, à l’horizon 2022, des mesures prises lors de ce quinquennat sur le pouvoir d’achat des Français. Avec ce constat : les décisions adoptées depuis 2017 auront davantage profité aux plus modestes qu’aux plus aisés, contribuant à une hausse moyenne de 4% du niveau de vie des 10% les plus pauvres, contre 2% seulement pour les 10% les plus riches.
Ce graphique, issu du « Rapport économique, social et financier 2022 », ou RESF, (à partir de la page 42) fait effectivement état, au premier abord, d’un bilan plutôt redistributif du quinquennat Macron. Car globalement, plus les ménages sont modestes, plus la hausse de pouvoir d’achat liée aux mesures prises ces cinq dernières années, en pourcentage, est élevée. (...)
Sauf que cette présentation, en pourcentage des niveaux de vie, est un peu trompeuse : une part plus élevée d’un petit nombre ayant de forte chance d’être inférieure, au final, à une part plus faible d’un plus grand nombre. Et c’est effectivement le cas en l’espèce. En valeur absolue, les plus aisés, à l’horizon 2022, gagneront plus que les plus modestes. Et donc une plus grosse part du « gâteau » total.
Contactée par CheckNews, la direction générale du Trésor a refusé de nous communiquer les niveaux de vie obtenus pour 2022 avec leur système de simulation, notamment ceux calculés sans les mesures Macron. L’idée étant de déterminer, pour chaque dixième de niveau de vie, le gain de pouvoir d’achat lié à ces mesures, non plus en pourcentage mais en valeur absolue.
A défaut, les niveaux de vie les plus approchants, avant application des mesures du quinquennat, sont les niveaux de vie 2017, au moins réévalués de l’inflation jusqu’en 2019. Certes, ils restent imparfaits, car non « vieillis » jusqu’à 2022. Mais sur l’ensemble du quinquennat, le rapport entre le niveau de vie des plus modestes et celui des plus aisés, point le plus important pour pourvoir ensuite comparer les gains en valeur absolue de chaque catégorie, a peu de chance d’avoir été bouleversé. (...)
In fine, comme peut le voir dans le graphique ci-dessous, la part, en valeur absolue, mais aussi en pourcentage de l’ensemble des gains, sera d’autant plus importante que le niveau de vie est élevé. Les plus modestes bénéficieront ainsi de 6,5% de l’ensemble des gains, contre 22,1% pour le dernier dixième. Soit 3,4 fois plus pour les plus aisés. (...)
Interrogé par CheckNews, l’économiste Pierre Madec, de l’OFCE, explique : « Il y a effectivement plusieurs façons de voir les choses. En pourcentage du niveau de vie ou en répartition de l’ensemble, en milliards, des mesures. Or on voit bien que lorsque l’on privilégie la seconde, ça raconte une autre histoire, avec un quinquennat marqué par l’allègement de la fiscalité du capital, qui a naturellement bénéficié davantage aux classes les plus aisées. »
A noter que cette « bataille » de présentation n’a rien de neuf. (...)