
Le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance a été publié en mars 1972. Il avait alors suscité un extraordinaire débat, dont quelques leçons peuvent être aujourd’hui tirées.
En 1972, la publication de The Limits to growth ou « rapport Meadows », le rapport commandité par le Club de Rome et préparé par une équipe de scientifiques du Massachusetts Institute of Technology, produit un impact considérable sur le monde académique et politique. Ce rapport affirme, en s’appuyant sur un modèle mathématique du monde, et à grand renfort de graphiques, que le système planétaire va s’effondrer sous la pression de la croissance démographique et industrielle, à moins que l’humanité ne décide délibérément de stabiliser sa population et sa production.
Il préconise donc de stabiliser la population et la production à l’échelle mondiale, sans préciser d’ailleurs par quelles mesures politiques y parvenir, afin d’échapper à la catastrophe qui s’annonce. En réaction à cet appel à la « croissance zéro », de nombreuses prises de position, dans le monde politique et académique, rejettent les conclusions du rapport, sur des bases philosophiques, méthodologiques ou politiques. (...)
Le rapport Meadows était-il l’incarnation d’un catastrophisme « de droite » au service des intérêts des riches ? Enfin, quelles conséquences peut-on en tirer pour l’objection de croissance contemporaine ?
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Pour la plupart des critiques du rapport des Limites, le fait de ne pas revendiquer franchement une répartition plus juste des richesses impliquait une acceptation de l’ordre existant, que la croissance zéro devait figer pour l’éternité.
Une seconde leçon est plus étroitement liée à la rhétorique catastrophiste. Selon le rapport Meadows, c’est au nom de la catastrophe, et exclusivement au nom de la catastrophe, que la croissance zéro doit être visée. Certes, le rapport des Limites contient, dans ses dernières pages, quelques considérations sur la possible désirabilité de la société de croissance zéro, et sur la possibilité qu’une telle société connaisse une croissance de la culture, de la spiritualité ou de la qualité de vie… Cependant, ces considérations ne sont pas développées