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France TV info
Le scénario d’une privatisation de certaines routes nationales poussé par les sociétés d’autoroutes
Cellule investigation de Radio France
Article mis en ligne le 2 avril 2019
dernière modification le 31 mars 2019

Les sociétés d’autoroutes s’intéressent au réseau routier national non concédé. La cellule investigation de Radio France s’est procuré une note interne de 2014 qui proposait de prendre en charge une partie de ce réseau sur les "grands itinéraires". Avec comme objectif : transformer ces routes en autoroutes.

Treize ans après la privatisation, 2 600 kilomètres d’autoroutes n’ont pas encore été concédés au privé. Ces portions intéressent forcément le secteur autoroutier. "Il y a toujours eu la volonté de travailler sur des extensions de réseau, témoigne Lionel Leullier présent dans le secteur depuis plus de 15 ans. C’est ce qu’on appelait la politique des petits bouts. Avoir du réseau à gérer en plus, avec de petits morceaux de réseaux non concédés qui peuvent être adossés au réseau concédé, soit par une extension de la durée des concessions, soit par un péage complémentaire."

Faute de crédit, l’état du réseau non concédé se dégrade. "Les responsables de sociétés d’autoroutes que j’ai rencontrés m’ont clairement dit qu’elles étaient intéressées par l’idée d’élargir le champ de leurs concessions (autoroutes ou transversales), confirme le sénateur centriste Hervey Maurey. Elles partent du constat qu’aujourd’hui l’état des voiries non concédées n’est pas satisfaisant. Du coup, les sociétés d’autoroutes disent qu’elles veulent bien récupérer ces sections, en échange d’une prolongation de la durée des concessions." (...)

Mais la stratégie des sociétés d’autoroutes ne s’arrête pas là. Selon les informations de la cellule investigation de Radio France, les sociétés d’autoroutes ont également un œil sur le réseau routier national qui représente près de 10 000 kilomètres.

Une note interne de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) datée du 17 avril 2014 que nous nous sommes procurée explique que "ce modèle vertueux [des concessions] pourrait s’élargir à l’ensemble du réseau routier national, dans sa configuration resserrée aux seuls grands itinéraires qui est devenue la sienne suite aux décentralisations".

"Il semble pertinent aujourd’hui de s’appuyer sur ce modèle pour continuer à développer et moderniser les infrastructures routières indispensables à la mobilité durable et au développement économique de notre pays, tout en contribuant de façon positive à la relance économique", explique ce document. (...)

Une réflexion est actuellement en cours sur le sujet. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, ont mis en place un groupe de travail sur "l’évolution de la gestion" du réseau routier national non concédé. (...)