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Le service public est notre meilleure arme
Article mis en ligne le 27 juin 2020
dernière modification le 26 juin 2020

« Pour mener la transition et faire face aux défis de demain », un collectif d’élus, de chercheurs, de syndicalistes appelle à une refondation du service public. En s’appuyant sur une relocalisation, il affirment que « le secteur public peut être largement plus efficace et innovant que le secteur privé, et qu’il est le mieux placé pour répondre aux défis de long terme auxquelles nos territoires sont confrontés ».

L’épidémie du Covid-19 a mis le service public au centre de toutes les attentions. Le service public hospitalier et les personnels soignants ont été en première ligne face à la crise sanitaire. Les services essentiels et leurs agents ont assuré le bon fonctionnement de notre société et de notre économie durant le confinement, de manière plus visible que jamais. Ce dernier a été l’occasion de rappeler à quel point ces tâches essentielles étaient souvent déconsidérées et mal rémunérées.

Malheureusement, l’épidémie a aussi mis en lumière combien ce service public a été mis à mal depuis des années. Les effets du manque de moyens, de la soumission à des logiques gestionnaires à courte vue, de la dépendance envers le secteur privé pour des fonctions et des équipements essentiels se sont étalés sous les yeux de tous.

C’est pourquoi beaucoup aujourd’hui, y compris semble-t-il au sommet de l’État, en appellent à un « retour » de la puissance publique. (...)

Si, comme cela semble être le cas aujourd’hui, il s’agit simplement sous couvert de « retour de l’État » de flécher davantage d’argent public vers le secteur privé (y compris de grandes entreprises à capitaux partiellement publics), avec des contreparties minimales pour ne surtout pas effrayer les investisseurs, nous risquons fort de nous retrouver encore plus démunis. 

Une action publique efficace et légitime repose sur quelques piliers simples, que l’austérité et la foi aveugle dans le marché semblent avoir fait oublier à nos dirigeants.

Le premier est de disposer d’une expertise publique indépendante et de qualité, conditions indispensables de maîtrise et de vision stratégique. Malmenée par les coupes budgétaires et par la bureaucratie managériale, cette expertise a fait défaut, ou n’a pas été entendue par le pouvoir exécutif à l’approche de l’épidémie.

Le deuxième est que l’action publique se construit avant tout sur le terrain, à travers les agents qui l’incarnent, avec les usagers et citoyens, et avec les autres acteurs de la société. C’est la condition de son efficacité comme de sa légitimité.

La « verticalité » revendiquée aujourd’hui, appuyée sur les conseils de comités d’experts ad hoc, d’industriels et de cabinets de consultants, n’est qu’un pauvre cache-sexe de l’incapacité de l’État. Plus le service public de demain sera démocratique, plus il sera en phase avec nos vrais besoins à court et à long terme.

Cette refondation du service public n’est pas qu’un vœu pieux. Elle est déjà en cours un peu partout dans le monde, principalement (mais pas seulement) au niveau local. Un ouvrage publié par une coalition d’organisations de la société civile, de syndicats, d’élus et de chercheurs a dénombré 1400 exemples de « remunicipalisations » de services publics dans 58 pays, dans des secteurs aussi divers que l’énergie, les déchets, les services de soin ou l’internet haut débit. Ce mouvement existe en France notamment dans le secteur de l’eau, mais aussi dans celui des cantines scolaires et d’autres services publics.

Au centre de ces initiatives, on retrouve souvent justement l’aspiration d’élus et de citoyens à « reprendre le contrôle » et à assurer la résilience écologique, sociale et économique de leurs territoires, (...)