En 2020, la Banque mondiale (BM) et le FMI atteignent l’âge de 76 ans. Ces deux institutions financières internationales (IFI), créées en 1944, sont dominées par les États-Unis et quelques grandes puissances alliées qui agissent pour généraliser des politiques contraires aux intérêts des peuples.
La BM et le FMI ont systématiquement prêté à des États afin d’influencer leur politique. L’endettement extérieur a été et est encore utilisé comme un instrument de subordination des débiteurs. Depuis leur création, le FMI et la BM ont violé les pactes internationaux sur les droits humains et n’hésitent pas à soutenir des dictatures.
(...) si l’on prend l’agenda caché de la Banque, celle-ci peut effectivement crier victoire au cours des années 1980 :
- la Turquie reste dans le camp des solides alliés des puissances occidentales ;
- elle a abandonné totalement le modèle d’industrialisation par substitution d’importation qui impliquait un niveau élevé de protectionnisme et d’investissement public ;
- elle a adopté un modèle tourné vers l’exportation en augmentant sa compétitivité, en écrasant les salaires réels et en dévaluant sa monnaie dans des proportions considérables ;
- le mouvement syndical, la gauche réformiste ou révolutionnaire ont été fortement réprimés grâce à la dictature.
En 1991, la Turquie prête ses services aux États-Unis et leurs alliés dans la première guerre du Golfe et bénéficie, en échange, de réparations de la part de l’Iraq vaincu.
On peut affirmer que la stratégie de la Banque mondiale en Turquie rappelle très clairement celle qui a été mise en place à l’égard de la dictature de Ferdinand Marcos aux Philippines à partir de 1972, de celle d’Augusto Pinochet au Chili à partir de 1973 et du modèle économique que celles-ci mettent en place.
Ajoutons qu’en 1999-2001, la Turquie passe par une situation de crise financière extrême comparable à celle de l’Argentine. Là encore, la géostratégie joue : le FMI lâche l’Argentine en décembre 2001 en refusant au président de la Rua un nouveau prêt, tandis que, dans le même temps, il poursuit sa politique de prêts à la Turquie afin d’éviter de puissants troubles sociaux et une déstabilisation d’un pion fondamental sur l’échiquier du Proche et du Moyen Orient.
Mais, comme partout ailleurs, l’aide du FMI et de la Banque mondiale augmente la dette des pays qui en « bénéficient » et les citoyens turcs sont parfaitement en droit, aujourd’hui ou demain, de refuser de continuer à rembourser les institutions de Bretton Woods. La dette contractée à l’égard du FMI et de la Banque mondiale est parfaitement odieuse.