
On croyait tout savoir sur les nuisances du téléphone portable. On était loin du compte. A l’échelle planétaire (trafic de déchets électroniques, massacres de populations et d’espèces menacées...), nationale (surveillance électronique, destruction de paysages, bombardement publicitaire...), locale (destruction du Grésivaudan, pollution, pillage des ressources et des fonds publics...) et individuelle (addiction au gadget, effet "bulle", autisme social...), découvrons le fléau universel qu’est le portable. (...)
Il faut entendre le cynisme de Denis Marsacq, du laboratoire "Sources d’énergie miniatures" du CEA-Grenoble, sous-traitant de Nokia dans la recherche sur les mini-piles à combustible pour portables, lâchant lors d’une conférence à la Fnac : "Bien sûr ces piles coûteront plus cher que le rechargement d’un téléphone sur une prise électrique, mais nous ciblons les adolescents, qui sont immatures et moins rationnels, et nous pensons qu’ils accrocheront au "sans fil" total."(...)
Orwell nous l’avait bien dit : "La Guerre c’est la Paix - La Liberté c’est l’Esclavage - L’Ignorance c’est la Force". De même que dans 1984 l’histoire est réécrite chaque jour, on ne saura bientôt plus qu’il existait un temps où l’on ne s’appelait pas pour se dire qu’on arrivait. Comme on ne sait plus aujourd’hui qu’il a existé un temps où l’on ne s’appelait pas du tout. Où l’on frappait à la porte des gens pour leur parler.(...)
Si ce marché est si porteur, c’est que le rouleau-compresseur marketing a su capter ce qui, dans ce monde high tech et dévoué à la guerre économique, avait été détruit : les rapports sociaux. Il est typique du système de nous vendre, à coup d’innovations, des remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur !(...)
Derrière le joujou high tech se cache un super-traceur d’individus, exact opposé de la liberté promise par les vendeurs de portables et du "nomadisme" frelaté vanté par le faisan Attali. Quelle est cette liberté qui nous attache à une laisse électronique, à un objet dont la présence dans notre poche suffit à nous localiser partout ?(...)
La traçabilité du cheptel humain est un des marchés d’avenir pour l’industrie électronique. Puces, RFID (système d’identification à distance par radio-fréquence), implants sous-cutanés, données biométriques : la technologie permet de nous suivre, nous identifier, nous ficher, nous contrôler. Il faut juste nous faire accepter cette nouvelle condition d’hommes soumis. Le téléphone portable et ses gadgets ludiques sont parfaits pour ça. Ils nous conditionnent à l’idée d’être tracés, et nous préparent à la domestication totale.(...)
Vous avez gobé le portable ? Vous avalerez les contrôles biométriques. Si nous voulons vraiment préserver ce qui reste de notre environnement, nous affranchir de la marchandise, briser les paillasses de ce monde-laboratoire, résister au techno-contrôle : refusons le téléphone portable.