
Les tensions avec le Kremlin couvaient depuis des mois, mais la rébellion du groupe Wagner a tout de même surpris. D’ordinaire, les mercenaires obéissent à leur donneur d’ordre, dont ils accomplissent les basses besognes. L’Afrique en sait quelque chose, qui a vu passer nombre de ces « affreux », comme on surnommait jadis les combattants des milices privées.
Vendredi 23 juin 2023. Les hommes de la société militaire privée Wagner de M. Evgueni Prigojine abandonnent leurs positions sur le front en Ukraine. Direction Rostov, où les rebelles prennent le contrôle d’un quartier général stratégique pour la conduite des opérations militaires depuis le territoire russe. Armés de blindés et de systèmes de défense antiaérienne, ils poursuivent leur « marche pour la justice » en direction de Moscou, abattant au passage plusieurs hélicoptères et avions de l’armée de l’air. « La créature a échappé à son maître », commente alors M. Peer de Jong, ancien colonel français des troupes de marine, auteur d’un ouvrage sur le mercenariat et les sociétés militaires privées. (...)
La perspective d’une intégration forcée au sein de l’armée constitue l’élément déclencheur de la rébellion. La confrontation a d’abord paru inévitable. Mais, pour « éviter le bain de sang », le Kremlin a négocié, avec le concours du président biélorusse, M. Alexandre Loukachenko, un accord avec M. Prigojine. Celui qu’il qualifiait la veille de « traître » obtient finalement la vie sauve dans le cadre d’un accord conclu le 24 juin dont les termes restent, pour l’heure, flous. (...)