
Le traité international interdisant les armes nucléaires a été ratifié par un 50e pays, a annoncé samedi l’ONU, ce qui permet l’entrée en vigueur dans trois mois de ce texte. Cependant, les principales puissances nucléaires ne l’ont pas signé.
Les promoteurs du traité estiment l’avancée "historique". Le traité international interdisant les armes nucléaires a été ratifié par le Honduras, un 50e pays, a annoncé l’ONU samedi 24 octobre. 50, c’est le nombre de signatures à partir duquel le texte peut entrer en vigueur.
Bien que le traité n’ait pas été signé par les principaux détenteurs de l’arme atomique, les militants pro-abolition espèrent que le texte aura une portée plus que symbolique.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a célébré l’événement. C’est "la culmination d’un mouvement mondial pour attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de tout usage des armes nucléaires", selon un communiqué de son porte-parole. (...)
"Une victoire pour l’humanité"
Des organisations non gouvernementales ont elles aussi salué l’événement, notamment la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). Cette ONG qui a obtenu en 2017 le prix Nobel de la paix pour son rôle dans l’élaboration du traité a salué un progrès "historique".
"Aujourd’hui, c’est une victoire pour l’humanité et la promesse d’un futur plus sûr", a déclaré dans un communiqué Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). (...)
Il avait été approuvé par l’Assemblée générale des Nations unies en juillet 2017 avec le soutien de 122 pays. Et il a désormais été signé par 84 pays.
Parmi ceux qui l’ont ratifié récemment figurent le Nigeria, la Malaisie, l’Irlande, Malte, Tuvalu. Après la 50e ratification, celle du Honduras, le traité doit entrer en vigueur le 22 janvier 2021, a annoncé l’ONU.
Mais les principaux pays possédant l’arme nucléaire, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie, ne l’ont pas signé.
Les militants pro-abolition espèrent que sa ratification aura le même impact que les traités internationaux précédents interdisant les mines terrestres et les armes à sous-munitions : stigmatiser la possession et l’utilisation des armes nucléaires, ce qui pourrait conduire à un changement de comportement, même de la part des pays non-signataires.
Dissuasion nucléaire
Les États dotés d’armes nucléaires soutiennent pour leur part que leurs arsenaux servent de dissuasion et se disent attachés au Traité de non-prolifération, qui vise à empêcher la dissémination à d’autres pays des armes nucléaires.
"Trop de gens acceptent les armes nucléaires comme des composantes inévitables de l’architecture internationale de sécurité", a dit Peter Maurer.
"Le traité d’interdiction des armes nucléaires nous permet d’imaginer un monde libéré de ces armes inhumaines comme un but atteignable", a-t-il ajouté.
Selon l’ICAN, "nous pouvons nous attendre que les compagnies cessent de produire des armes nucléaires et que les institutions financières cessent d’investir dans les firmes qui produisent des armes nucléaires". (...)
Cette étape, pour l’instant extrêmement symbolique, s’inscrit dans un contexte de fortes tensions sur la question du désarmement.
Le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) signé en 1987 entre Washington et Moscou, qui avait entraîné la destruction d’environ 2700 missiles d’une portée de 500 à 5500 kilomètres, est de facto mort depuis 2019, au grand dam des Européens. Le président Donald Trump en avait retiré les Etats-Unis après avoir accusé la Russie de ne pas le respecter.
Depuis, le traité américano-russe New Start conclu en 2010, qui arrive à expiration début 2021, est considéré comme le dernier accord nucléaire encore en vigueur, contenant les arsenaux des deux pays en dessous de leurs sommets de la Guerre froide.
Les deux pays viennent de s’entendre sur le principe d’une prolongation d’un an, le temps de régler les questions de fond.