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Mediapart
Législatives : Insoumis et écolos ouvrent la voie à un accord historique
Article mis en ligne le 3 mai 2022
dernière modification le 2 mai 2022

Les responsables écologistes ont validé une alliance aux élections législatives sous la bannière de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale ». Les socialistes et les communistes devraient rejoindre la coalition. Le NPA discute toujours.

Dix jours et dix nuits de discussions, des rebondissements en cascade et, au bout du tunnel, un accord commun pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Cette nuit du 1er au 2 mai, la délégation d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) est sortie du QG de l’Union populaire, passage Dubail (Xe arrondissement de Paris), avec le sourire. L’épilogue d’intenses séances de négociation est tombé, et pour les deux partis, il est « historique » : ils feront front commun sous la bannière de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale ».

Le conseil fédéral d’EELV (parlement du parti) s’est prononcé en faveur de cet accord avec une grande majorité des voix – 84 pour, 10 contre, 8 blancs. Les adhérent·es doivent se prononcer dans la semaine pour le ratifier. (...)

Quand les gauches partisanes renversent la vapeur

Enfin, l’accord affirme que l’élargissement de la coalition réunie autour de l’Union populaire doit se poursuivre – en plus de EELV, elle inclut aussi la formation Génération·s. Pour EELV, c’est un changement de pied total, après la campagne présidentielle de Yannick Jadot, qui misait tout sur l’autonomie de l’écologie politique. Celui-ci n’a d’ailleurs pas réagi à la nouvelle. Tenant de l’aile gauche du parti, Alain Coulombel ne s’en étonne pas : « Il a fait 4,7 %, il faut savoir se mettre entre parenthèses pour acter les avancées quand il y en a. »

Jérôme Gleizes, conseiller écologiste de Paris qui a participé au groupe de travail sur le programme pendant les négociations, abonde sur le bilan des trois derniers mois : « Au lieu de répondre à la demande d’unité du peuple de gauche, on a préféré tomber dans une logique identitaire environnementaliste, pendant que Jean-Luc Mélenchon déroulait un programme global. Maintenant qu’on a précisé les points de vue de chacun pour converger, on voit bien que, sur le fond, on n’était pas en désaccord. » (...)

« C’est le premier pas vers un accord de toute la gauche, avec le PS et le PCF. Si en juin on a un seul candidat pour toute la gauche dans chaque circonscription, ce sera historique », se félicite aussi Sandrine Rousseau, tenante d’une ligne d’ouverture à gauche à EELV, et candidate aux législatives dans la 9e circonscription de Paris.

De fait, ce 2 mai, le Parti socialiste (PS) était de retour au passage Dubail à 10 heures, après avoir momentanément suspendu les discussions avec LFI pour avoir des garanties de pluralité. La veille, le premier secrétaire, Olivier Faure, a serré la main de manière inédite à Jean-Luc Mélenchon lors du défilé du 1er mai. « Il est clair que l’accord obtenu avec EELV va jouer un rôle d’accélérateur de l’union, prédit Jonathan Kienzlen, premier secrétaire fédéral du Val-de-Marne. Le temps presse, les élections sont dans cinq semaines, à un moment il faut démarrer. »

L’urgence est d’autant plus grande pour l’appareil socialiste que l’accord conclu avec EELV porte aussi sur cent circonscriptions accordées aux écologistes (dont une trentaine de gagnables). La part du gâteau à se partager est donc déjà réduite. « Les écologistes ont un très bel accord. Nous n’aurons pas une centaine de circonscriptions », estime Jonathan Kienzlen, qui anticipe déjà « des verres cassés » à certains endroits. (...)

Les adversaires de l’accord en interne font tout pour qu’il n’advienne pas, dénonçant une « reddition » de l’actuelle direction devant LFI. Mais la direction ne semble pas être impressionnée. La pierre d’achoppement principale avec LFI, pour les socialistes, résidait dans la désobéissance aux traités européens – ils ne veulent pas de cette expression. Le texte conclu avec les écologistes pourrait être à même de les rassurer sur ce point.

Quant aux minoritaires qui jugent que l’accord trahirait l’identité de la « vieille maison », ils sont renvoyés à leur bilan sous Hollande (...)

Alors que la dynamique est enclenchée avec les Verts, et que le PS montre des signes qu’il prend aussi la direction d’un accord, impossible, en théorie, pour le PCF de passer pour le mauvais élève de l’union des gauches. Les déclarations du secrétaire national et candidat malheureux à la présidentielle, Fabien Roussel, sur France Info le 2 mai, en témoignent. Non seulement le label proposé lui convient, mais : « La différence avec 2017, c’est que nous souhaitons tous cette coalition. Comme il y a une volonté, il y a un chemin. »

Même sur la question du nucléaire – Fabien Roussel avait défendu l’atome pendant sa campagne, contrairement aux Insoumis et aux écolos –, il estime que la garantie d’avoir un intergroupe à l’Assemblée nationale lui suffit : les communistes pourront ainsi défendre de manière autonome le mix entre le nucléaire et les énergies renouvelables. (...)

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) poursuit lui aussi ses discussions avec LFI, en dépit des protestations de certains courants internes qui s’y opposent. Sa délégation doit se rendre en fin d’après-midi au QG des Insoumis. Si ce rapprochement a beaucoup été salué par la base militante insoumise – beaucoup d’anciens de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, ancêtre du NPA) ayant rejoint le courant politique mélenchoniste depuis 2012 –, il est possible que la présence du PS dans le périmètre de l’accord soit un frein.

Reste à savoir si la logique politique de l’unité sera plus forte. « Les électeurs de gauche ont été unitaires contre les partis en mettant Mélenchon à 22 % au premier tour. Ils voulaient qu’on gagne. Cette frustration doit maintenant se transformer en énergie de campagne, et de victoire », espère Sandrine Rousseau.