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Amnesty International
Les «  11 d’Istanbul  »  : une affaire emblématique de la répression en Turquie
Article mis en ligne le 17 juillet 2021

Il y a quatre ans, les autorités turques arrêtaient arbitrairement 11 défenseurs des droits humains. Quatre d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison mais leur procès est toujours en cours. Retour sur l’histoire de ces défenseurs et sur la mobilisation qui ne faiblit pas.

L’affaire dite des «  11 d’Istanbul  » est devenue emblématique de la répression de la société civile en Turquie. Parce que ces hommes et ces femmes sont engagés dans des organisations de défense des droits humains, les autorités turques les ont pris pour cible. Elles manœuvrent pour les empêcher de militer.

La plupart sont accusés «  d’assistance à une organisation terroriste  ». Ils sont aujourd’hui en liberté dans l’attente de la décision finale dans leur procès, qui pourrait tomber dans les semaines à venir. Ils risquent la prison uniquement en raison de leur militantisme pacifique.

CHRONOLOGIE D’UN ACHARNEMENT (...)

Cette affaire judiciaire qui dure depuis plus de trois ans pourrait bientôt connaître son épilogue : la Cour de cassation devrait se prononcer dans les semaines à venir. Si leur condamnation est confirmée, Taner Kılıç, Idil Eser, Özlem Dalkıran et Günal Kurşun seront emprisonnés pour un crime qu’ils n’ont pas commis.
Mobilisés depuis le premier jour

L’affaire des «  11 d’Istanbul  » illustre un élan fort de mobilisation. Face aux accusations absurdes dont ont été victimes deux de nos collègues, nous avons mené des actions pour leur apporter tout notre soutien et rendre visible leur histoire.

La mobilisation a débuté le 10 juillet 2017 avec un rassemblement de militants devant l’ambassade de Turquie. (...)

Quelques mois plus tard, nous avons mis en avant la situation de ces défenseurs turcs dans le cadre de notre la campagne mondiale 2017 des 10 jours pour signer. La pétition a récolté 85 000 signatures, rien qu’en France et plus de 2 millions au niveau international. Après cette campagne, les 11 défenseurs ont été relâchés mais étaient toujours poursuivis par la justice.

Pour continuer à les soutenir et à rendre visible leur situation nous avons multiplié nos actions. Le 31 janvier, Sylvie Brigot, notre directrice générale a rejoint la délégation de directeurs d’Amnesty International du monde entier qui assistait à Istanbul à l’audience des 11 défenseurs. (...)

Alors que la menace continuait de peser sur les 11 d’Istanbul, les actions de solidarité se sont poursuivies en 2019. De nombreuses personnes se sont mobilisées afin d’envoyer des messages de soutien et d’attirer l’attention du grand public sur cette affaire.

En 2020, nous nous sommes mobilisés en amont du procès du 3 juillet où une peine de prison de prison était prononcée à l‘encontre de quatre des onze défenseurs. Depuis, nous continuons de dénoncer cette condamnation injuste, infondée et motivée par des considérations politiques. (...)

LA MOBILISATION NE FAIBLIT PAS

Cela fait quatre ans déjà que cette affaire est ouverte. Quatre ans de dénonciation, de sensibilisation, de travail de plaidoyer auprès des autorités, d’actions devant les ambassades. La mobilisation ne faiblit pas. Tant que les quatre défenseurs condamnés ne seront pas tous acquittés, nous poursuivrons notre mobilisation. Nous attendons aujourd’hui la décision de la Cour de cassation. Trois scénarios sont possibles  :

La confirmation des peines prononcées à l’encontre des 4 défenseurs

L’acquittement d’une partie d’entre eux

La relaxe des quatre accusés

La seule décision acceptable est l’acquittement de tous les accusés.

C’est pourquoi il est important de continuer à soutenir Taner, Idil, Günal et Kursun et de rappeler que les accusations portées à leur encontre sont infondées. Comme nous l’avons démontré dans l’un de nos rapports, le procureur n’a, à ce jour, présenté aucune preuve que l’un des quatre accusés ait commis un crime.

Dans le cadre de leurs activités de défenseur des droits humains, les «  11 d’Istanbul  » ont défendu des personnes accusées injustement. Aujourd’hui, c’est à nous de les défendre. Le pouvoir turc cherche à les faire taire. Lorsque les personnes qui se battent pour nos droits sont réduites au silence, nous sommes, nous aussi, en danger. A nous de faire du bruit, pour eux, pour nous et pour protéger la liberté d’expression.