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l’Humanité
Les Licoornes, ces 8 coopératives qui rêvent de bousculer les multinationales
Article mis en ligne le 14 mars 2021

Enercoop, la Nef, Label Emmaüs ou encore Railcoop… Certaines sont nées de la dernière pluie quand d’autres atteignent un âge vénérable. Elles couvrent des secteurs allant de la téléphonie à la production d’électricité. Huit coopératives se sont alliées sous le nom de Licoornes. Une façon de montrer qu’elles sont une alternative aux « licornes », ces start-up valorisées 1 milliard de dollars ou plus, symboles d’un capitalisme à la forte croissance économique.

Les Licoornes, elles, sont des entreprises françaises au statut particulier. Ce sont des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC), propriétés de leurs salariés sociétaires – comme leurs sœurs les Scop –, mais aussi d’autres partenaires. Ce mode de fonctionnement, « c’est presque un projet politique, pour Jérôme Du Boucher, chargé du projet des Licoornes au sein du Collectif pour une transition citoyenne. Ça permet de trouver un consensus à partir d’intérêts divergents ». (...)

Le multisociétariat rassemble les différentes parties prenantes d’un même secteur, des producteurs aux salariés en passant par des collectivités locales. Concrètement, chaque sociétaire, c’est-à-dire chaque détenteur d’une ou plusieurs parts sociales de la coopérative, dispose d’une voix, quel que soit le montant qu’il a investi dans l’entreprise. Ces sociétés étant à but non lucratif, au moins 50 % de leurs bénéfices doivent être réinjectés dans l’affaire et un sociétaire ne peut pas faire de plus-value en revendant sa part sociale. (...)

Les sociétaires se réunissent au minimum une fois par an en assemblée générale, mais la plupart des coopératives proposent un suivi plus régulier de leurs actions.

Ainsi, Railcoop, qui souhaite rétablir la liaison ferroviaire de voyageurs entre Lyon et Bordeaux, communique l’avancée du projet à ses sociétaires tous les deux à trois mois. « Il y a une organisation en cercles de réflexion, explique Tristram, qui a rejoint le projet l’année dernière. Ils font tout pour que ce soit facile pour les sociétaires de s’impliquer. » (...)

Leurs sociétaires et représentants partagent aussi des valeurs : la protection de l’environnement, la justice sociale et la solidarité. Des principes à la base de l’économie sociale et solidaire (ESS), que celle-ci a parfois oubliés elle-même. (...)

Dans leur domaine d’activité respectif, chacune des huit coopératives tient à respecter des principes, tant dans la production de biens et services que dans le traitement de ses salariés.
La Nef, financer des projets éthiques

Parmi les Licoornes, la Nef fait figure de pionnière. Cette coopérative bancaire est née en 1988 avec l’objectif de financer des projets éthiques grâce à l’épargne de ses sociétaires : dans l’écologie, le social et la culture. (...)

Enercoop, fournir de l’énergie renouvelable

Comme la Nef, Enercoop fait aussi figure de grande sœur. Cette coopérative, qui fournit de l’électricité renouvelable, créée en 2005, totalise aujourd’hui plus de 100 000 contrats à l’échelle nationale. Pour elle, rejoindre d’autres coopératives permet de porter un discours commun à destination de tous les citoyens. (...)

Couvrir les besoins du quotidien

Transports (Mobicoop et Railcoop), alimentation (CoopCircuits), électricité (Enercoop), épargne (la Nef), téléphonie et informatique (TeleCoop et Commown) ou encore achat de biens de seconde main (Label Emmaüs) : les produits et services proposés par les huit SCIC couvrent, en effet, de nombreux besoins du quotidien. Pour Julien Noé, fondateur d’Enercoop, tout l’intérêt de cette réunion de coopératives variées est de montrer l’étendue des alternatives possibles. Et de les faire connaître au plus grand nombre. (...)

L’écosystème de coopératives auquel adhèrent Guillaume, Jacques-Olivier, Tristram et d’autres porte des valeurs à l’opposé des multinationales. Certaines de ces sociétés se placent cependant sur un secteur géré ou qui fut géré par un servcie public national, ce qui n’est sans poser des questions sur l’utilisation de l’argent public et sur les meilleurs moyens de contourner le marché pour répondre aux besoins.

Pour Julien Noé, qui soutient le projet des Licoornes depuis plusieurs années, l’enjeu est bien de proposer un véritable contre-modèle et de montrer qu’il fonctionne, pour l’élargir ensuite. (...)

« Le but, c’est, dans dix à vingt ans, de renverser les tendances et que l’ESS soit leader sur ces marchés de consommation de masse. »