
Menace sur le miel. Déjà suspecté de participer au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, le pollen génétiquement modifié pourrait provoquer la faillite de milliers d’apiculteurs européens. Depuis le mois de septembre, ceux qui travaillent à proximité de champs d’OGM sont en effet tenus de prouver, moyennant des analyses fort coûteuses, que leur miel est exempt de pollen génétiquement modifié. En Espagne, leur situation est alarmante. En France, les professionnels comptent sur le gouvernement pour renouveler l’interdiction de la culture du maïs transgénique.
« Devenir le gardien de la santé des abeilles dans le monde » : C’est (sans rire) la mission que s’est attribuée Beeologics, entreprise de recherche sur la pollinisation par les abeilles, rachetée par Monsanto à la fin du mois de septembre. Pour les apiculteurs européens, le géant semencier américain serait plutôt synonyme de grande catastrophe. Depuis trois mois, ceux qui travaillent à proximité de cultures de MON 810, un maïs transgénique (de nouveau autorisé en France suite à l’annulation du moratoire), sont tenus de réaliser des analyses prouvant que leur miel est exempt de pollen génétiquement modifié (...)
Le 6 septembre dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a déclaré que le miel contenant du pollen de maïs MON 810 ne pouvait être commercialisé, faute d’autorisation de ce pollen comme aliment.
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Pour les apiculteurs espagnols, entourés de 97 000 hectares de champs d’OGM, la situation est d’ores et déjà catastrophique. « Le miel des régions où l’on cultive du MON 810 est foutu, lance Jean-Marie Sirvins. Les apiculteurs peuvent le mettre à la poubelle. Ils doivent réaliser des analyses, qui peuvent représenter plusieurs milliers d’euros. Et n’ont pas de quoi les payer. Et si leur miel s’avère contaminé, le négoce ne l’achète pas. » La COAG, principal syndicat agricole de la péninsule ibérique, a demandé que le MON 810 soit purement et simplement interdit. Et a réclamé que soit respecté le droit à produire du miel sans OGM.
Plusieurs réunions ont eu lieu à Bruxelles ces trois derniers mois pour tenter de trouver une solution. D’aucuns ont avancé la possibilité de supprimer la directive indiquant que les produits OGM doivent être étiquetés. D’autres affirment que cette mesure ne passera jamais auprès des populations. Preuve que les pressions citoyennes ont (parfois) de l’effet.
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Annulé la semaine dernière à la suite d’une décision du Conseil d’État, le moratoire devrait être posé par le gouvernement. Avant le mois d’avril, si possible, période des semis de maïs. Au niveau européen, le prochain rendez-vous aura lieu le 12 décembre. (...)
l’enjeu est crucial : 84 % des espèces végétales cultivées en Europe dépendent directement de la pollinisation par les insectes, dont la plupart sont des abeilles domestiques. Lesquelles survivent grâce aux soins jaloux des apiculteurs