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Les agressions sexuelles du nouvel an : des crimes sexistes à l’instrumentalisation raciste.
Article mis en ligne le 12 janvier 2016

Pendant la nuit du nouvel an, de nombreuses agressions sexuelles et parfois des viols ont eu lieu dans des villes allemandes et en Finlande.

Les féministes ont toujours étudié, travaillé, analysé et dénoncé les violences sexuelles. C’est grâce à deux victimes de viol et à leur avocate, Gisèle Halimi, qu’on a pu en 1978, lors du procès d’Aix en Provence comprendre les répercussions psychiques possibles du viol sur les victimes.

Les féministes auront également permis de faire reconnaître et condamner le viol conjugal qui sera finalement pris en compte légalement en 1990. Leurs nombreux travaux et études auront permis de connaître le nombre de viols et de tentatives de viols par an (75 000 en France) des agressions sexuelles (13% des femmes allemandes en auraient subi une), le peu de plaintes déposées par les victimes de viol (10% en France). Elles ont également travaillé sur ce qu’est le viol, ce qu’il constitue au niveau sociologique alors qu’il est encore souvent vu par l’ensemble de la société comme l’acte isolé d’un « fou » ou d’un « monstre ». Ces dernières années, ont été analysés le concept de culture du viol et celui de harcèlement dans l’espace public.

Les féministes n’ont donc jamais eu besoin d’attendre quiconque pour condamner TOUTES les agressions sexuelles et TOUS les viols, quels qu’en soient les auteurs. Elles ont plutôt l’habitude de prêcher dans le désert au milieu de personnes qui ne les croient pas et minimisent les chiffres des violences sexuelles. Les agressions sexuelles et les viols commis le 31 décembre en Allemagne et en Finlande sont donc évidemment condamnables, comme toutes les autres violences sexuelles. (...)

Les violences sexuelles n’ont jamais été très prises au sérieux (on persistait à en faire des sommes d’histoires individuelles) mais tout d’un coup le viol collectif qui représente 10% des viols devenait un phénomène de société.
Dans ce contexte, les agressions sexuelles du 1er janvier, commises pour partie par des demandeurs d’asile, ont été récupérées par toutes celles et ceux souhaitant stopper leur arrivée.
Tout d’un coup, un certain nombre de gens feignait de découvrir qu’il y avait des agressions sexuelles et des viols en Europe. Pire certains semblaient surtout considérer que ces agressions sexuelles et ces viols étaient de nature différente de ceux commis habituellement.
Pourtant quelle différence entre une agression sexuelle commise par un proche ou un inconnu ?
Quelle différence entre un viol commis chez soi par une connaissance et un viol commis par un étranger ?
Quelle différence, pour poser le débat là où l’extrême-droite nous oblige à le poser, entre un viol commis par un demandeur d’asile et quelqu’un qui ne l’est pas ?
Qui plus est, le simple fait de parler de crimes commis par « des gens d’origine étrangère » constitue déjà une erreur sociologique majeure consistant à considérer que les « étrangers » auraient la même culture, la même façon de voir les femmes. Lorsqu’il y a 75 000 viols par an, comme en France, je crois qu’on peut se dispenser de juger de la culture des autres en en faisant un immense gloubiboulga couvrant une dizaine de pays.
La vérité est que les femmes ne sont pas en sécurité où que ce soit dans le monde et l’on n’a pas attendu l’arrivée de demandeurs d’asile pour que cela soit le cas. (...)

Les violences sexuelles et par corrélation les nombreuses victimes sont donc instrumentalisés pour tenir des discours racistes qui s’accompagnent maintenant de crimes racistes. L’extrême-droite a une longue tradition anti féministe et de lutte contre les droits des femmes ; les combats féministes contre les violences sexuelles n’ont (évidemment) jamais été soutenus par les membres des extrêmes-droite françaises et allemandes. En s’arrêtant uniquement sur les victimes de ces derniers jours, l’extrême-droite nie la réalité des crimes sexuels qui est un crime généralement commis par un proche. Qu’elle ne prétende donc pas s’intéresser aux victimes puisqu’elle nie ainsi la réalité de la majorité des victimes de violences sexuelles.
En tant que féministe qui travaille depuis de nombreuses années sur les violences sexuelles, je continuerais à dénoncer l’ensemble des violences sexuelles et je vous incite, si vous avez été choqué par les violences sexuelles commises ces derniers jours, à vous intéresser à l’ensemble des violences sexuelles commises chaque jour. Les ressources à ce sujet sont nombreuses et vous aideront à mieux connaître la réalité du sujet.