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Les artistes soutiennent l’appel du collectif UVP-Filmer la police !
31 mai 2020 — Tribune UVP-Urgence Violences Policières
Article mis en ligne le 1er juin 2020

« Empêcher de filmer et diffuser des images de violences policières,
c’est livrer les victimes à encore plus d’arbitraire. »

Dans une proposition de loi, le député Eric Ciotti et d’autres parlementaires veulent faire condamner d’une amende de 15 000 € et d’une peine de 6 mois d’emprisonnement toute personne qui diffuserait des images de la police dans l’exercice de leurs fonctions. Éric Ciotti ne s’en cache pas : il vise directement l’application Urgence Violences Policières lancée au mois de mars par le collectif « Urgence Notre Police Assassine » et mise en libre accès (... ) afin de lutter contre les violences et crimes de la Police et de la Gendarmerie
Selon Eric Ciotti et les porteurs de ce texte, cette loi viserait à « protéger » la police.
Mais qui faut-il protéger ?

Zyed Benna, Bouna Traoré, Amadou Koumé, Lahoucine Ait Omghar, Abdoulaye Camara, Amine Bentounsi, Ali Ziri, Hocine Bouras, Mourad Touat, Babacar Gueye, Rémi Fraisse, Wissam El Yamni, Lamine Dieng, Aboubakar, Fofana, Adama Traoré, Angelo Garand, Karim Taghbalout, Ibrahima Bah, Shaoyo Liu, Romain Chenevat, Gaye Camara, Allan Lambin, Steve Maia Caniço, Zineb Redouane, Cédric Chouviat, Mohamed Habsi... Ce sont des dizaines et des dizaines de personnes - dont une majorité d’hommes non-blancs, souvent issus des quartiers populaires - qui sont mortes entre les mains de la police ces dernières années, et ce dans des circonstances rarement éclaircies. Sur la seule période de confinement qui nous précède, près d’une quinzaine d’hommes sont encore venus allonger la liste de ces tués, asphyxiés, noyés, traqués, pourchassés. Presque à chaque fois, les policiers impliqués ne sont pas inquiétés ou sont vite blanchis faute de « preuves », et souvent au mépris des nombreux témoignages les incriminant.

À côté de ces dizaines de crimes policiers, les violences se multiplient sous d’autres formes qui vont de l’insulte raciste tels que « bicot », « bougnoule », « sale arabe », « bamboula » à la mutilation en passant par les incessants contrôles au faciès. Là encore, c’est dans les quartiers populaires que ces violences s’exercent notablement depuis des décennies. Mais elles ont fait une irruption fracassante dans les mouvements sociaux, ces dernières années, notamment dans les manifestations des Gilets Jaunes, provoquant la multiplication des images de ces violences et leur diffusion dans différents médias. (...)

Les vidéos sont capitales : elles sont des preuves. Ce sont elles qui, dans la plupart des cas, permettent de mettre à mal les versions des forces de l’ordre qui plaident quasi systématiquement ce qu’ils appellent la légitime défense ou « les règles de l’art ». Même quand il s’agit de tirer dans le dos d’un homme, d’étrangler une personne menottée, ou d’en violer une autre à coups de matraque. Nous le répétons : ces images sont des preuves, et c’est pour cela que l’application UVP-Urgence Violences Policières a été lancée. Elle permet à tout citoyen de conserver les images de ces agressions. Cela, dans le but de pouvoir agir ensuite aux côtés des victimes et de leurs familles, de manière efficace et organisée - preuves à l’appui - contre l’impunité policière qui règne dans 95% des cas. En France comme aux États-Unis. On l’a d’ailleurs encore vu ces derniers jours : à Minneapolis, ce sont des images devenues virales qui ont permis de confondre et d’inculper le policier meurtrier d’un homme noir, George Floyd.

Plus que jamais, il est donc essentiel de pouvoir filmer la police lors de ses interventions et il est essentiel que les citoyens, journalistes et associations qui le souhaitent puissent diffuser publiquement les images des abus ou violences constatés afin d’informer, de protéger et de prouver. La proposition de loi d’Éric Ciotti, si elle devait passer, viendrait allonger la liste des lois scélérates qui bafouent nos droits fondamentaux et déshonorent la France dont l’image dans le monde s’est considérablement écornée ces dernières années. Mobilisons toutes nos forces pour l’en empêcher. (...)