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Les attentats du 13 novembre 2015 expliqués par la presse jeunesse : des choix éditoriaux au garde-à-vous
Article mis en ligne le 17 décembre 2015
dernière modification le 14 décembre 2015

Nous avons étudié la première édition post-attentats de six médias s’adressant aux enfants, sur une tranche d’âge de 6 à 14 ans :

Le Journal des Enfants (pour les 9-14 ans) : « Plusieurs attentats frappent Paris », mis en ligne le 15 novembre ;
Astrapi (pour les 7-11 ans) : édition spéciale mise en ligne le 15 novembre ;
Le Petit Quotidien (pour les 6-9 ans) : édition du 17 novembre, mise en ligne le 15 novembre ;
Mon Quotidien (pour les 10-14 ans) : édition du 17 novembre, mise en ligne le 15 novembre ;
Le P’tit Libé (pureplayer pour les 7-12 ans) : n°3 « Les attentats de Paris », mis en ligne le 16 novembre ;
1 jour 1 actu (dès 8 ans) : n° 92, édition du 20 au 26 novembre 2015, mise en ligne le 18 novembre.

(...) Or à la lecture des éditions « spéciales attentats », émises par quatre entreprises de presse différentes (Bayard, Playbac, Libération et la Société alsacienne de publication), on peut identifier quatre éléments de discours récurrents, loin de l’« objectivité journalistique » pourtant particulièrement requise lorsqu’on s’adresse à des enfants.

1. Les musulmans tranquilles

Où l’on apprend qu’en France les « bons musulmans » ne font pas de vagues - c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît (...)

2. « Notre » mode de vie et le prosélytisme terroriste

Les terroristes auraient attaqué un concert, un stade et des terrasses de bar pour « nous » convertir à leurs règles religieuses, alors que la France est un pays de libertés, ce qui leur est insupportable (...)

3. L’état d’urgence c’est bien, la police et l’armée nous protègent (...)

4. Il y a bien une guerre ailleurs mais c’est contre le terrorisme islamiste et il faut donc la poursuivre (...)

Habituer les enfants à l’idée d’une guerre qui dure, à distinguer les « bons » et les « mauvais » musulmans, accréditer l’idée d’un « choc de civilisation », les accoutumer à ne se sentir en sécurité qu’entouré-e-s de policiers et de militaires… Voilà, en définitive, quasiment la seule perspective offerte par la presse jeunesse au lendemain des attentats.