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Le Monde
« Les baisses d’impôts réduisent la capacité de l’Etat à financer ses politiques publiques »
Article mis en ligne le 22 août 2022

Le modèle français, avec ses « services publics au champ large », notamment en matière de protection sociale, a un coût important, souvent critiqué par les Français. Mais les baisses d’impôts répétées, souligne le consultant Simon-Pierre Sengayrac dans une tribune au « Monde », profitent aux plus aisés et fragilisent notre « confort de vie ».

Le 23 juillet, les députés ont voté la suppression de la redevance audiovisuelle, promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Au-delà des débats sur l’indépendance de l’audiovisuel public que cette décision soulève – la taxe étant compensée par l’affectation d’une fraction de la TVA –, cette suppression s’ajoute à la longue liste des baisses d’impôts engagées depuis 2017.

En cinq ans, la liste des impôts supprimés ou réduits n’a cessé de s’allonger : réforme de l’ISF, suppression de la taxe d’habitation, baisse de l’impôt sur le revenu, baisse de l’impôt sur les revenus du capital, baisse des impôts de production, baisse de l’impôt sur les sociétés, baisse des cotisations salariales chômage et maladie et maintenant suppression de la redevance audiovisuelle. Au total, entre 2018 et 2022, l’Etat a baissé chaque année les prélèvements obligatoires de 10 milliards d’euros en moyenne, pour atteindre un total de 57 milliards d’euros. En conséquence, la part des prélèvements obligatoires dans le produit intérieur brut (PIB) est passée de 45,1 % en 2017 à 43,4 % en 2022, soit sensiblement leur niveau de 2012. (...)

L’endettement accru du pays

En réalité, le principal impact de ces mesures est la réduction de la capacité de l’Etat à financer ses politiques publiques. La Cour des comptes estime dans son rapport annuel de 2022 que, entre 2019 et 2022, le déficit structurel – déficit qui ne tient pas compte des effets du Covid-19 – « se serait ainsi dégradé sous l’effet combiné des baisses d’impôts mises en œuvre et des nouvelles dépenses pérennes ». Autrement dit, les baisses d’impôts ont contribué à accroître l’endettement du pays. Demain, elles pourront justifier la baisse de dépenses publiques supplémentaires, pour résorber un déficit qu’elles ont contribué à accroître. (...)