
Tandis que Pascal Praud lance un débat sur les barbes “signifiantes” ou “préoccupantes” portées par des milliers de terroristes en puissance, Laurence Ferrari anime avec bienveillance une discussion marquée par la promotion du racisme anti-musulman… On se demande pourquoi CNews tient tant à embaucher Zemmour.
« On va terminer sur la vigilance. » Mais pas la vigilance météo. Pour Pascal Praud, « c’est très intéressant, Christophe Castaner a parlé notamment de la barbe ». Une vigilance barbe ? Je l’admets, c’est original. « Effectivement, il y a des barbes qui font sens. » Et des boucs qui en disent long. La publicitaire Mercedes Erra remarque : « Tous les gamins portent la barbe, en ce moment. » Ils sont en quête de sens. « C’est intéressant, votre réaction, parce qu’elle est convenue… Mais tout le monde sait très bien de quelle barbe on parle. » Non, pas du tout. J’attends les explications des experts capillaires de CNews. (...)
Le député s’adresse à Christophe Castaner : « Je constate que vous portez une barbe, j’espère que vous n’allez pas être signalé. » Pour port de barbe à contresens.
Pascal Praud reprend : « Je trouve qu’on joue un peu sur les mots. » Ça en devient barbant. « Parce que c’est pas la barbe de Christophe Castaner qui fait sens, c’est pas la mienne qui fait sens. » Ce sont des barbes nonsensiques. « Mais quand vous avez des individus qui ont une barbe signifiante, ça peut alerter. » Une barbe signifiante ? Et des rouflaquettes éloquentes, peut-être ? L’ancien magistrat Philippe Bilger donne le point de vue du droit : « Entre toutes les barbes, on peut discriminer. » Il suffit de se référer au code pénal de la pilosité. « Lorsque les barbes sont préoccupantes, on les rapporte au personnage, à l’apparence, à l’attitude. » Des barbes préoccupantes ? J’aimerais connaître l’avis de Christophe Barbier. (...)
« Dans le métro, rapporte Jean-Claude Dassier, barbon de renom, j’ai été témoin d’une scène avec un homme qui portait une barbe préoccupante… » C’est pire que signifiante. « Et qui, par son comportement, manifestait à quel point il détestait ceux qui l’entouraient. » Au nez à la barbe des passagers. « On est tous d’accord ? », tente de conclure Pascal Praud. Mais Mercedes Erra, que Zineb El Rhazoui qualifierait comme Jean-Michel Aphatie d’« islamo-collabo », aggrave son cas avec une remarque à me défriser la moustache : « Les contrôles au faciès, c’est violent. » « Vous avez raison, les contrôles au faciès, c’est violent, convient Pascal Praud. Mais quatre morts à la préfecture de police, c’est encore plus violent. » D’où l’absolue nécessité de procéder systématiquement au contrôle des faciès velus.
Le soir, Laurence Ferrari, au visage aussi glabre que celui de Barbe-Bleue est préoccupant, interroge : « Au lendemain des déclarations d’Emmanuel Macron, comment réellement lutter contre l’hydre islamiste ? » Certainement pas en la caressant dans le sens du poil. « L’État français est-il faible et impuissant ? » Ou impuissant et faible ? « L’un des imams de Gonesse, qui aurait dû être expulsé, rappelle la présentatrice, dit qu’il n’était pas fiché pour radicalisation. » « Ce type est marocain, fustige Gilles-William Goldnadel. Il est pas français et il entretenait des intelligences avec le fameux Harpon. » Des intelligences ? Le complot terroriste est avéré. « C’est le énième cas. La France est un moulin où un étranger dangereux peut entrer et sortir. » Sauf que le tueur de la préfecture était français, comme la plupart des terroristes qui ont frappé depuis 2012. « Nous ne sommes pas protégés. » Contre l’extrémisme de Goldnadel, c’est certain. (...)
« La lâcheté vient de toute la population », estime Jean-Michel Fauvergue, qui vante le discours de Macron lors de la cérémonie en hommage aux policiers tués. « Le problème avec votre président de la République, rétorque Gilles-William Godnadel, c’est qu’il dit tout et son contraire. C’est que, dix jours avant, Christophe Castaner s’est rendu dans le Midi à une conférence organisée par les Frères musulmans. » Pas possible ? Finalement, sa barbe est préoccupante. « On ne peut pas vouloir faire plaisir à tout le monde. On ne peut pas faire un discours merveilleusement martial en parlant de l’hydre islamiste… » Admirablement guerrier, ça fait rêver. « … et en même temps faire des risettes aux islamistes. » En jouant à la je-te-tiens tu-me-tiens par la barbichette signifiante.
« Ce qui se passe actuellement n’est pas seulement le fait de monsieur Macron, juge Nadia Remadna, il y a eu le gouvernement précédent. » Je me souviens : l’État d’urgence, les milliers de perquisitions administratives, les assignations à résidence fondées sur des « notes blanches » inspirées par des rumeurs, la proposition de déchéance de la nationalité lâchement enterrée. « Le président a bien parlé mais malheureusement, on ne va rien faire parce que c’est trop pourri, il y a des nœuds. » Des nœuds dans les barbes, j’imagine. (...)
Laurence Ferrari demande à une journaliste de faire le point sur l’enquête. « Qu’y avait-il dans la clé USB détenue par Mickaël Harpon ? » « Ses données n’ont pas été transférées, elles lui ont servi dans le cadre de son travail. » Il en faut plus pour rassurer Gilles-William Goldnadel : « Ça peut être transmis oralement. » Ou par un de ces pigeons voyageurs radicalisés qui rentrent et sortent de notre territoire sans être inquiétés. Jean-Claude Dassier finit de me terrifier : « J’ai lu dans Le Figaro que d’autres clés USB ont été trouvées, plusieurs, deux, trois, quatre, à son domicile. » En plus des barbus, des Marocains, des collégiens, de Castaner et de Macron, il va aussi falloir expulser tous les musulmans qui détiennent une clé USB à leur domicile. Il ne va plus rester grand-monde.