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Ouest France
Les bébés de la Zad de Notre-Dame-des-Landes
Article mis en ligne le 8 janvier 2018

C’est un aspect méconnu de la « Zone à défendre », occupée par les militants anti-aéroport, au nord de Nantes : certains y font souche, avec leurs enfants, souvent très jeunes. Une dizaine au total. (...)

"Black Pampers"
Lucie, Caroline et Wissem nous y attendent. Ils font partie d’un nouveau groupe, baptisé « Black Pampers, parents d’enfants de la Zad ». Ils ont débattu pour savoir s’il fallait ou non accepter notre proposition de rencontre. Ces trois-là ont dit oui.

Pourquoi ? « On présente souvent les zadistes comme des gens de passage qui viennent pour la bagarre, explique Wissem. Nous, on n’est pas de passage. On est là pour vivre ici », insiste d’une voix tranquille ce jeune éleveur de vaches, attendri par le bébé qui babille sur son ventre.

Lucie, maraîchère et mère d’une toute petite fille, poursuit : « Pour nous, défendre la Zad, c’est y habiter, y construire sa maison, cultiver la terre et faire ça avec nos enfants. »

La Zad n’est pourtant pas le royaume des Bisounours. Depuis 2010, date de l’installation des premiers occupants illégaux, elle a connu des épisodes peu glorieux, comme le pillage d’un camion perdu sur ces petites routes du nord de Nantes. Mais c’est un univers complexe, aux multiples facettes.

Ils sont « une dizaine de parents d’enfants » sur la zone, au milieu d’une population de 200 adultes. Des jeunes zadistes ont fait des bébés. Des petits-enfants d’occupants historiques aussi. « La troisième génération... »

"Nature et solidarité"

Certains vont à l’école. Mais la plupart n’ont pas encore l’âge. Dans quel environnement grandiront-ils ? Caroline, charpentière et mère d’un garçon, évoque « la solidarité » stimulée par le fait d’être dans « un territoire en lutte ». Lucie parle de « respect de la faune et de la flore » et de « balades dans une nature luxuriante ».

Comme n’importe quels parents, ils veulent transmettre des valeurs. À la différence qu’ils ont choisi de vivre dans un endroit occupé illégalement d’où ils peuvent être délogés par les gendarmes mobiles... (...)

Et les grands-parents de ces petits-là, ils ne stressent pas ? « Mes beaux-parents ne sont pas militants du tout, raconte Wissem. Et pourtant, même au moment où les menaces d’expulsion étaient les plus fortes, ils n’ont pas paniqué. Parce qu’ils ont découvert sur place une réalité moins effrayante qu’à la télé. » Lucie : « Nos parents [à elle et son compagnon] voient bien qu’on vit de façon sécure. »

Et salubre ? « On a l’eau, l’électricité, répond-elle d’une voix assurée.Les « cabanes » ressemblent davantage à des chalets. » Wissem ajoute : « Et certaines sont bien mieux isolées et plus confortables que la ferme où je vivais enfant ! »