
(Ce 11 novembre) le monde s’est donné rendez-vous à Paris pour le centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Une soixantaine de chefs d’État ont été invités par le président français dans la capitale. Ils pourront ensuite participer à un Forum sur la paix.
Chaque mot prononcé à cette occasion par Emmanuel Macron sera scruté par Anne Héry. La responsable du plaidoyer de Handicap International et son équipe attendent que le président français dénonce la pratique des « bombardements en zones peuplées ». Ce serait un pas de plus vers le but que s’est fixé l’ONG il y a trois ans : faire signer au plus grand nombre de dirigeants au monde une déclaration politique contre cette pratique.
« Les bombardements non discriminés blessent ou tuent chaque jour 90 civils syriens, yéménites, Irakiens ou Ukrainiens », résume Anne Héry. Pour sensibiliser le public, Handicap International fait tourner, en France et en Europe, une exposition de 90 grands portraits de victimes civiles d’armes explosives.
L’une des difficultés, expliquer en termes simples ce que sont des bombes à sous munitions (...) une pluie de plusieurs centaines de petites bombes qui sortent d’un conteneur largué par un avion. Il a fallu collecter des témoignages de survivants, demander des expertises indépendantes pour prouver la dangerosité des bombes qui n’explosent pas toutes lors du largage, réaliser des tests pour contrer « les fabricants de bombes à sous munitions, qui prétendaient qu’il y avait une date de péremption à ces armes », se souvient Jean-Marc Boivin. (...)
« Les gueules cassées sont toujours là »
Ce combat, gagné par la signature du traité d’Oslo en 2008, le comité international du plaidoyer de l’ONG a décidé quelques années plus tard de le dupliquer pour une autre cause. « Nous nous sommes posé la question : que peut-on avoir une chance de changer ? », confie Anne Héry. Plusieurs sujets étaient sur la table : le nucléaire, les armes chimiques, les robots tueurs, les bombardements de civils. « Les armes chimiques demandent une capacité d’enquête très pointue ; sur le nucléaire ou les robots tueurs, les témoignages de victimes n’existent pas. L’impact de la guerre sur les civils nous a paru une problématique de plus en plus aiguë », explique-t-elle.
Le choix a été de viser une déclaration politique internationale. Un traité sur le sujet était « illusoire à atteindre », pour Anne Héry. Il ferait double emploi avec le droit international humanitaire qui demande déjà « de ne pas infliger de dommages disproportionnés aux civils au regard de l’avantage militaire attendu ». Il a donc d’abord fallu trouver un slogan, pour communiquer. Ce sera « stop bombing civilians » (arrêtez de bombarder des civils). (...)
Pour le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, la campagne a trouvé comme accroche « les gueules cassées sont toujours là ». Ensuite, il s’agissait pour Handicap International d’identifier les États et les ONG qui mèneront ce combat avec elle. Douze pays, emmenés par l’Autriche, traditionnellement active sur les questions de désarmement, commencent alors à travailler sur un projet de déclaration politique non contraignante.
Une trentaine d’ONG, dont Oxfam ou Save the children, créent le réseau Inew (International network on explosive weapons) pour mobiliser le public. Une première pétition rassemble 400 000 signatures. Les traditionnelles pyramides de chaussures organisées par Handicap International sont une autre manière de faire savoir. (...)
Ce qui motive Baptiste Chapuis, c’est que « vingt ans après le traité d’Ottawa, il y a vingt fois moins de victimes de mines antipersonnel. » Ce mois d’octobre, sa victoire a été que 93 députés français signent une tribune contre les bombardements de civils, rédigée par le député d’En Marche Hubert Julien-Laferrière et publiée dans La Croix. « C’est un nouveau réseau informel de parlementaires qui se crée. Nous avons dupliqué au niveau international cette initiative en écrivant à 4 500 parlementaires », affirme Baptiste Chapuis.
Pétition : STOP AUX BOMBARDEMENTS DES CIVILS
Accord contre les bombardements de civils : un grand nombre d’États doivent se mobiliser !
Idlib, Alep, Raqqa, Moussoul, Donetsk, Marioupol, depuis 2016, ces villes sont devenues le symbole du mépris le plus total pour la vie des civils. Bombardements massifs et disproportionnés, pilonnages au cœur des villes, destructions des infrastructures médicales, quand les armes explosives sont utilisées dans les zones urbaines, 90% des victimes sont des civils ! Mortiers, roquettes grad, bombes baril, les armes explosives les plus destructrices n’ont pas leur place dans les villes.
Alors que la guerre en Ukraine fait rage et qu’elle est particulièrement meurtrière pour les populations civiles, les États du monde entier sont en passe de signer une Déclaration politique internationale ambitieuse visant à limiter le recours aux armes explosives en zones peuplées. Cet aboutissement de 8 années de lutte acharnée des associations et des citoyens, ne sera un succès historique que si un grand nombre d’États signent cette déclaration.
LA MOBILISATION DE CHACUN EST PLUS QUE JAMAIS NECESSAIRE !
Les 3 piliers de la Déclaration politique :
- Stopper l’utilisation des armes les plus destructrices dans les villes
- Un devoir d’action et de réparation des Etats
- La mise en place d’un système de veille