
170 personnes sont à la rue dans la métropole bordelaise depuis l’évacuation du squat de l’Ascenseur. Depuis mercredi, 31 d’entre elles, des demandeurs d’asile parmi lesquels se trouvent des femmes enceintes, tentent d’obtenir du tribunal administratif que l’État les reloge, conformément à ses obligations légales.
Dans la salle d’audience du tribunal administratif de Bordeaux, les dossiers passent d’une pile à l’autre, toujours avec la même conclusion amère. Le juge énumère les matricules, change d’intonation mais le verdict, lui, reste identique. Affaire n°19-2489, Affaire n°19-2540… « Le préfet de Gironde a conclu au rejet de la requête. Le dossier est rejeté » (...)
Sur les bancs du tribunal, le comité de soutien du squat de L’Ascenseur accompagnait hier les 31 demandeurs d’asiles qui attendaient d’être fixés sur leur demande de logement dans le cadre d’un référé liberté déposé par Sory Baldé, leur avocat.
Depuis le 21 mai, date de l’évacuation du bâtiment situé rue Lamartine dans le centre de Talence, ils sont 170 à être à la rue. Au total, 28 dossiers défendus par Sory Baldé et Mamadou Demba M’Baye étaient auditionnés du 5 au 6 juin, avec pour principal objectif de contraindre la préfecture de Gironde à trouver un hébergement à ces sans-abris. Parmi ceux-ci, beaucoup concernent des familles. (...)
Suite à l’expulsion du squat, ses habitants ont pris des chemins différents. « La préfecture leur a accordé 3 nuits d’hôtel » affirme Brigitte Lopez, la porte-parole du collectif l’Ascenseur qui donne de son temps pour Réseau Education Sans Frontières (RESF). Pour certaines familles, le soutien du CCAS de la mairie de Talence a permis de trouver des logements provisoires en rajoutant des nuits d’hôtel.
« Tous s’étaient dispersés au moment de l’expulsion sans forcément connaitre les droits qui sont les leurs. Aujourd’hui on en profite pour reprendre leurs coordonnées pour continuer à leur apporter du soutien », détaille Brigitte Lopez.
Une famille syrienne s’est réfugiée à Bordeaux Lac, d’autres ont rejoint des squats aux alentours mais la plupart continuent d’errer dans la rue. (...)
il faut attendre un an et demi à deux ans avant de recevoir une réponse à une demande d’asile, dans des conditions souvent difficiles. Face au juge, Sory Baldé évoque les destins brisés des expatriés qu’il défend et s’évertue à donner des noms à ceux dont les dossiers sont désignés par des chiffres (...)
Dans son plaidoyer, Sory Baldé évoque la convention de Genève relative aux statuts des réfugiés, imposant « d’offrir un logement à ces personnes fragiles ». Dans le fond de la salle, Aboubakar reste impassible. Ce Tchadien arrivé en France il y a 5 mois écume lui aussi les rues de Bordeaux à la recherche d’un abri depuis l’expulsion du squat de l’Ascenseur.
« Avant l’évacuation, mes deux enfants de 5 à 7 ans étaient scolarisés à Talence. Depuis ils m’ont été enlevés pour être placés dans un foyer de l’enfance. (...)
Le jugement sera rendu en délibéré sans que l’on puisse encore avancer de dates précises. Jeudi, Aboubakar s’est vu proposer une place dans un logement.
« Les jugements rendus seront différents en fonction des situations des plaignants. Pour les femmes enceintes et les familles, un accord semble probable. Pour les autres, on ne peut encore rien avancer aujourd’hui », témoigne Sory Baldé à la sortie du tribunal.
Et aussi :
L’ascenseur
Conférence de presse devant le tribunal administratif où se déroulera le 2 ieme jour des référés libertés pour demander un logement a ces femmes enceintes, famille et hommes.
"La convention de Genève doit être respectée afin d’offrir un logement à ces personnes fragiles" dit maître Baldé qui défendra 25 dossiers aujourd’hui.
"Le collectif de soutien est révolté et a donc décidé ne plus jamais laissé passer ces expulsions" ... "Aujourd’hui plus aucune solution d’hebergemnt par la préfecture" dit Brigitte Lopez ( RESF )