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Orient XXI
Les détentions administratives, un Guantanamo israélien
Article mis en ligne le 14 octobre 2017
dernière modification le 13 octobre 2017

Le Franco-Palestinien Salah Hamouri est incarcéré en Israël en vertu des ordonnances sur l’état d’urgence. Imposées par la puissance occupante britannique, elles étaient appliquées avant 1948 pour réprimer certains groupes sionistes, dont les dirigeants s’appelaient Menahem Begin ou Ytzhak Shamir, futurs premiers ministres d’Israël. Et étaient alors dénoncées par les juifs de Palestine comme « une violation flagrante des principes fondamentaux de la légalité et de la justice ». Pourtant, dès la création de l’État d’Israël, les Defense Emergency Regulations ont été utilisées contre la minorité palestinienne et, après 1967, dans les territoires palestiniens occupés. En 1966, le juriste palestinien Sabri Geries les avait longuement décrites.

Franco-Palestinien vivant à Jérusalem-Est, Salah Hamouri est emprisonné par l’armée israélienne depuis le 22 août 2017. Arrêté sans qu’aucun motif ne lui ait été fourni, il est interné en vertu des ordonnances sur l’état d’urgence, les Defense Emergency Regulations, mises en œuvre par le gouvernement israélien pour juguler et réprimer le mouvement national palestinien. Celles-ci trouvent leur origine dans les règlements édictés par les forces d’occupation britanniques en Palestine en 1936 puis en 1939 et 1945 et réinsérées telles quelles par le gouvernement israélien dans son arsenal juridique dès 1949, au lendemain de la création de l’État d’Israël. Dans leur forme actuelle (voir encadré), ces ordonnances permettent aux forces de sécurité d’emprisonner une personne sans motif public ni jugement et sans qu’aucune information ne soit fournie à son avocat pour une période de six mois, renouvelable indéfiniment par un juge militaire. (...)

Salah Hamouri est devenu juriste en prison. Depuis sa libération, les forces israéliennes d’occupation l’ont harcelé en permanence. Le point d’orgue a été l’expulsion de son épouse française en janvier 2016, alors qu’elle était enceinte de six mois. Son nouvel internement administratif s’inscrit dans une politique mise en œuvre depuis cinquante ans dans les territoires palestiniens. Avant de les appliquer aux Palestiniens occupés, Israël avait abondamment usé de ces ordonnances d’urgence contre les Palestiniens restés en Israël après les expulsions massives de 1947-1950. Ces derniers avaient été soumis, au lendemain de la création de l’« État juif », à un « gouvernement militaire » qui dura jusqu’en 1966, et qui leur imposait de sévères limites de mouvement, des couvre-feux fréquents et des « internements administratifs ». Ceux-ci perdurèrent après la levée du gouvernement militaire. (...)