Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Les éditocrates contre Jean-Luc Mélenchon (bis repetita) ?
Article mis en ligne le 19 avril 2017

Si lors de la campagne présidentielle de 2012 les médias dominants, et en particulier la presse de centre-gauche, avaient pris pour cible principale le candidat du Front de Gauche, à tel point que nous pouvions titrer « Les éditocrates contre Jean-Luc Mélenchon », il faut bien reconnaître qu’ils furent plus conciliants lors de l’édition de 2017… Du moins jusqu’à ce que les sondages lui soient plus favorables.

(...) Le dessinateur Plantu qui, dans L’Express, avait fait un dessin assimilant Mélenchon à Marine Le Pen, n’a pas (encore) réitéré la caricature. Yann Barthès aujourd’hui sur TMC, n’a pas, à notre connaissance, choisi de truquer des images, comme il le faisait sur Canal Plus, pour prolonger sa campagne calomnieuse contre Jean-Luc Mélenchon. Marianne et Jacques Julliard n’ont pas pris (pour l’instant) le risque de décrire – une nouvelle fois – l’engouement autour de Mélenchon comme des « enthousiasmes collectifs organisés, tels qu’on les pratiquait dans l’Allemagne nazie et la Russie soviétique ».

Cette fois, s’ils ont critiqué avec une relative retenue – dans un premier temps – le programme de Jean-Luc Mélenchon, les commentateurs politiques ne pouvaient pas imaginer que le candidat de La France insoumise serait, quinze jours avant le premier tour, au coude à coude dans les sondages avec leur trio de tête : Emmanuel Macron, François Fillon et Marine le Pen. (...)

Les premières banderilles décochées contre le programme défendu par Jean-Luc Mélenchon sont allées dans ces directions : ses propositions ne seraient pas crédibles, trop utopiques et par essence non applicables. Ainsi, dans un éditorial bienveillamment intitulé « Jean-Luc Mélenchon et le dégagisme », Antoine André sur Europe 1, explique, par exemple, que « Jean-Luc Mélenchon est à peu près contre tous les autres [candidats], mais se résume dans son programme à 10 mesures » [1] avant d’ajouter : « C’est un peu court pour la présidentielle. Mais qu’importe qu’on ait le programme, du moment que l’on a le slogan, "l’antisystème", c’est très pratique. » (1er février 2017)

Un point de vue que synthétise bien l’omniprésent Christophe Barbier (...)

on doit à Laurent Joffrin un éditorial qui restera dans les annales de la prospective politique, tant il illustre à quel point la sondomanie délirante qui s’est emparée des médias fait écrire n’importe quoi, surtout à celui qui fut jadis nommé « le journaliste le plus bête de France » :

« Un sondage Kantar Sofres-One du Figaro vient aussi contredire l’argument de l’efficacité électorale. Il y a quelques jours, Mélenchon ironisait, un peu comme Malraux jadis, sur le thème « entre moi et Macron, il n’y a rien ». Patatras : l’enquête publiée hier donne 20 points à Macron, 10 à Mélenchon et… 15 à Hamon. Entre les deux candidats du centre gauche et de l’extrême-gauche, il y a un socialiste élu par près de deux millions de personnes et nanti d’un capital sondagier. S’il fallait un jour choisir le champion d’une gauche hypothétiquement réunie, celui du PS serait évidemment mieux placé. Bien entendu, Jean-Luc Mélenchon refusera de se désister, quoi qu’il arrive. Mais alors l’électeur risque de se poser une question toute bête : à quoi sert Mélenchon ? À faire perdre la gauche ? » Libération (30 janvier 2017)

Très vite, dans cette compétition hippique que les sondages organisent, Mélenchon repasse devant Hamon, il rejoint les chevaux de tête, mais Joffrin ne supplie toujours pas le candidat socialiste de se retirer… (...)

Acte 2. Et Mélenchon rejoint la tête de la course

… Et les journalistes politiques, illuminés par les prophéties des sondages, prennent peur. « Feu sur Mélenchon ! » tonnent-ils désormais tous en chœur. Dans un surprenant éditorial, intitulé « Mélenchon philosophe », Denis Sieffert écrit : « Qui l’eût cru ? Voilà désormais Mélenchon promu coqueluche des médias [lesquels ?]. Un débat télévisé réussi, un bon mot (les fameuses "pudeurs de gazelle") et le candidat de la France insoumise est porté au pinacle » (Politis, 6 avril 2017). Une « coqueluche des médias » qui suscite l’effroi.

Sur BFM-TV, Bruno Jeudy tremble (...)

Un traitement de faveur auquel n’a droit aucun autre candidat [3]. Et l’on ne voit guère de candidat à la présidentielle ayant subi pareille déferlante d’attaques éditocratiques, si l’on met à part l’entre-deux tours de l’élection de 2002, lorsque les médias – tous les médias – avaient fait campagne contre Jean-Marie Le Pen [4].