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Greek crisis
Les exilés du propos
Article mis en ligne le 15 octobre 2013

Nos manifestants du vendredi 11 octobre avaient le pas lourd et le visage crispé de tristesse. Leur cortège amaigri et immobilisé durant un long moment devant le “Parlement”, fut ainsi “bien encadré” par les policiers du jour. Fin de parcours. Ces femmes et ces hommes ce sont des hospitaliers qui bientôt se retrouveront au chômage, c’est-à-dire “en disponibilité” d’après le langage administré par le gouvernement. Or désormais, manifester en Grèce de 2013 relève moins de la protestation revendicative des temps anciens que d’une presque... anthologie poétique sur la mort sociale.

C’est alors et d’abord par dignité (et pour la dignité) que nos existences se mobilisent à présent, c’est tout autant vrai que tout le reste. C’est alors le pays entier qui se fait ainsi remorquer vers sa fin, comme vers la baie d’un cimetière de bateaux. Le mythe grec n’est plus et encore moins, celui d’Antonis Samaras et de son “succes story”.

Nikos Xydakis, dans sa chronique du dimanche 13 octobre au quotidien pourtant progouvernemental “Kathimerini”, fait remarquer que ceux qui encore s’en sortent, préféreraient que les disparus de l’épave, les pauvres, soient enfin devenus invisibles. Xydakis cite alors Hannah Arendt rappelant cette autre phrase de John Adams : “La conscience du pauvre est claire ; pourtant il a honte... Il se sent hors de vue d’autrui, cherchant à tâtons dans le noir... L’humanité ne lui prête nulle attention. Il avance et rôde sans qu’on le voit... on ne le désapprouve pas, on ne lui reproche” ainsi que l’essai de Myriam Revault d’Allonnes, “L’Homme compassionnel”. (...)

Le journaliste de “Kathimerini”, cite enfin Alexis de Tocqueville, lequel dans “La démocratie en Amérique” identifie entre autres cette différence, entre le régime démocratique et la société aristocratique, au moyen de ce sentiment de la compassion et de l’appartenance ordinaire à l’humanité. (...)

Xydakis pense qu’en cette phase actuelle de la “crise”, “en cet automne 2013, ceux qui ont fait faillite, les chômeurs, ceux qui n’en peuvent plus et plus grand-chose pour s’en sortir, les noyés, tous ces gens deviennent alors les exilés des discussions entre ceux, qui pour l’instant s’en sortent encore”. Autrement-dit, toute une société qui devient... “hors-propos”. (...)

en ce moment, les derniers hôpitaux psychiatriques encore opérationnels sont sur le point d’être fermés par le ministre de la Santé (?), Adonis Georgiadis, ce politicien issu du parti de l’extrême-droite LAOS, ayant retrouvé enfin sa vocation dans l’extrémisme antidémocratique, antipopulaire de la politique de la Nouvelle démocratie, du PASOK et de la Troïka. (...)

selon la presse de la semaine dernière, “la Troïka, d’après les recommandations des conseillers de Lufthansa Consulting, exige la fermeture de 22 aéroports régionaux dans toute la Grèce”. Ceci explique aussi les réticences des élus locaux s’y ajoutant à une certaine peur de la colère populaire, peur évidemment non avouée publiquement. La nouvelle sur ce 22 aéroports, a été aussitôt et officiellement démentie... pour l’instant (...)

Antonis Samaras prétend en plus “sévir contre la violence et ceci, indépendamment de sa provenance”. Sauf que son faux message, d’ailleurs si bien partagé par la Commission de Bruxelles, ne passe plus du tout chez nous. Je remarque que nos perceptions quant à la régulation de la violence dans la société changent, justement, sous les effets de la violence exercée sur la société par la Troïka, ainsi que par les extrémistes de la Nouvelle démocratie et du PASOK. Leur violence est réelle et très palpable. Le suicidé (et pendu) du jour est un homme de 48 ans, père de trois enfants qui habitait la région de Missolonghi à l’ouest du pays. Et comme on dit chez nous, “le sang impose sa vengeance”.

Déjà, en observant la graduation ascendante dans les mesures de sécurité qui encadrent les déplacements des officiels et des membres de la Troïka à Athènes depuis plus d’un an, j’en déduis que ces gens ne se sentent plus tellement en sécurité en Grèce, c’est évident. Pourtant, et fort heureusement, la population fait preuve de... stoïcisme et il n’y a pas passage à l’acte, sauf en se suicidant. Ce n’est qu’un stade, affirment à ce propos nos psychanalystes. Qui sait ? Espérons aussi qu’à la Nouvelle démocratie, on saura encore à temps modérer... l’immonde. (...)

Entre les nouvelles du jour, nos medias insistent sur cette dernière proposition du FMI qui consiste à faire imposer un prélèvement obligatoire de 10% sur l’ensemble des dépôts des particuliers et des entreprises et ceci concernant l’ensemble des pays de la zone euro. C’est prétendument pour faire face au problème de la dette souveraine (Real-Fm lundi 14 octobre). Le quotidien belge “L’Écho” n’écrit pas autre chose ce matin. Il y a donc urgence. (...)