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Les fausses nouvelles, un symptôme de la privatisation de la vérité
Article mis en ligne le 14 février 2019

Le flot de vérités alternatives relayées par les réseaux sociaux insinue l’idée que, désormais, la vérité n’est plus qu’une question d’interprétation.

(...) L’épopée des « gilets jaunes » a été jalonnée de propos baroques et de fausses informations et Maxime Nicolle en est un relais imperturbable : sur le Pacte de Marakkech (il suggère qu’il accélérerait la venue de milliers d’immigrés), sur l’attentat de Strasbourg du 11 décembre (il le désigne comme une possible diversion organisée par le pouvoir), sur la dette française (il la dénonce comme une « innovation de Rothschild »), et ainsi de suite.

(...)

Et pourtant, après trois mois de mobilisations, ce personnage improbable occupe les plateaux de télévision. Il continue de drainer des milliers d’afficionados via ses vidéos. Et sa capacité d’attraction –en tout cas pour organiser les manifestations du samedi– semble intacte. Que penser de ce nouveau mode de leadership ? (...)

Le complotisme –idée selon laquelle il y aurait un groupe caché (les juifs, les puissants, les banquiers, les francs-maçons, les musulmans ou même, pourquoi pas, des extraterrestres) qui guiderait le monde, et dont seuls quelques initiés connaîtraient l’existence–, est un phénomène qui a toujours existé. (...)

Toutefois dans la patrie de Descartes, à l’aube du XXIe siècle, cette « conception du monde » semblait totalement marginale. Or elle est en train de s’imposer à plus grande échelle. Elle voisine avec les fausses informations (...)

Elle cohabite aussi avec l’inclination des leaders populistes à inventer leur propre réalité, en fait à délivrer de fausses informations en toute connaissance de causes à des fins électorales (...)

les principes de rationalité et de vérité sont en train de se dissoudre, de se relativiser, de perdre leur légitimité auprès d’une partie de la population. (...)

cette propension à l’anti-scientisme est surtout marquée chez les électeurs et électrices de Marine Le Pen, et dans une moindre mesure de Nicolas Dupont-Aignan –celles et ceux qui votent pour Jean-Luc Mélenchon étant seulement sceptiques à l’égard des bienfaits de la science. On détecte cette même méfiance envers l’appareil statistique d’État avec, là encore, une attitude plus prononcée chez les électeurs et électrices du Rassemblement national (58%) et une opinion plus partagée chez celles et ceux de la France insoumise[4]. La note conclut que la montée du populisme s’accompagne d’un changement dans les représentations qui entourent le politique : un bouleversement caractérisé par une grande réserve envers la science et les outils scientifiques organisant l’action publique. Cette tendance est particulièrement sensible chez les électeurs de l’extrême-droite.