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Les grandes manœuvres de concentration multimédia : comment et pourquoi ?
Xavier Niel en juin 2011 à propos de ses emplettes dans la presse : « Quand les journaux m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite ils me foutent la paix » (Le Monde diplomatique, juin 2011).
Article mis en ligne le 13 janvier 2016
dernière modification le 8 janvier 2016

Ces derniers mois, les rachats de médias ont connu une accélération inédite, qui a défrayé les articles de presse comme les émissions radio ou télédiffusées et soulevé l’inquiétude, voire l’indignation, des journalistes. Mais si ceux-ci ont largement posé la question de l’indépendance éditoriale dans un univers médias très concentré, ils ont aussi largement éludé celle des raisons profondes de ces vagues de concentrations. Ce que nous nous proposons d’analyser ici [1]

C’est Patrick Drahi qui a ouvert le bal des récentes concentrations en rachetant en juin 2015 la totalité du groupe Express-Roularta : L’Express, L’Expansion, le groupe L’Étudiant, entre autres (voir l’annexe), après avoir boulotté un an auparavant l’un des cinq quotidiens nationaux d’informations générales encore existants : Libération. Un rachat dont, notons-le au passage, nul ne s’était à l’époque indigné et qui avait plutôt fait l’objet de commentaires largement positifs dans les médias, saluant en Patrick Drahi le sauveur de Libération [2].

Quelques mois après avoir acquis Libération, Drahi rachète donc la totalité du groupe Express-Roularta, le 5e groupe français de presse magazine, et s’octroie 49 % du groupe NextRadioTV, groupe plurimédia (BFMTV, RMC…) appartenant à Alain Weill. Peu après, le groupe Le Monde acquiert 100 % des publications de L’Obs, Bernard Arnault, propriétaire des Échos, gobe Le Parisien et Aujourd’hui en France, tandis que Vincent Bolloré, autre grand médiavore, s’empare de Canal + en prenant le rênes de Vivendi, maison mère de la chaîne.

On a ainsi observé, en quelques mois, un vrai chamboulement du paysage médiatique, avec la constitution ou le renforcement de groupes possédant des titres variés dans divers types de médias : presse écrite, télévision, radio, sites Internet. (...)

rares sont les titres des médias dominants à avoir analysé de façon critique les causes de ce phénomène. Des causes qui touchent à l’environnement économique, aux acteurs politiques, à la sphère médias elle-même et aux multiples interactions entre ces trois facteurs. (...)