
Le G20 de Londres a été à la hauteur des désillusions prévues. Certes plusieurs des déclarations ne manquent pas d’intérêt dans la mesure où elles semblent à l’opposé des principes des politiques des années passées. Prenons en acte et n’hésitons pas à rappeler les promesses de régulation. Une première question vient ternir l’optimisme : peut-on vraiment faire confiance aux dirigeants du G20 pour mettre en place une nouvelle régulation et en accepter les conséquences ? Pour l’instant, il ne semble pas. L’impression qui domine est que, en dehors d’un accord sur les plans de relance, les dirigeants espèrent, ou laissent croire, que la crise se calmera en 2010, et qu’il sera bien temps de voir s’il faudra aller plus loin dans l’idée d’une régulation consistante de l’économie mondiale.
La deuxième question concerne les politiques économiques des prochains mois et ce qu’elles laissent percevoir des orientations dominantes du G20. Les paradis fiscaux ont été montrés du doigt et désignés. Mais les listes confiées à l’OCDE ne sont pas très probantes. Surtout, seule l’évasion fiscale est mise en cause et rien n’est avancé sur les trous noirs de l’économie mondiale. Les multinationales, les banques et les mafias pourront continuer à mener la danse en fonction des seuls intérêts de leurs actionnaires cachés. Aucune réelle préoccupation n’est apparue concernant la redistribution des richesses. La relance se traduit par des crédits massifs, mais pour les banques et les entreprises, qui continuent pourtant de licencier tout en rémunérant grassement leurs cadres-dirigeants. Les super riches ont été priés d’être discrets, ce qui leur paraît déjà insupportable. Les pauvres sont priés d’attendre sans faire trop de bruit. Le commerce mondial et la croissance ont été réaffirmés. Le FMI et la Banque mondiale ont été félicités, dotés et promus. Pas de remise en cause de leurs statuts ou des droits de vote, pompeusement appelés « gouvernance ». Pas question de critiquer les politiques économiques imposées, fièrement revendiquées et toujours marquées du sceau du néolibéralisme....