Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Les médias et le Front National : indignations sélectives et banalisation effective
Article mis en ligne le 8 décembre 2015

Nous remettons à la « Une » un article de juin 2014, publié à la suite des élections européennes, dans lequel nous nous interrogions sur les responsabilités des médias dans le développement du Front national. Un article qui, au vu des résultats des élections régionales et des commentaires qui les ont accompagnés, n’a (malheureusement) pas perdu son actualité. On pourra également se reporter au dossier « Médias et extrêmes droites » publié dans le numéro 14 de notre magazine Médiacritique(s), toujours disponible sur notre boutique (Acrimed, le 8 décembre 2015).

(...) une seule question retiendra notre attention : dans quelle mesure et comment les médias dominants favorisent-ils le Front national, non seulement en cette occasion, mais de façon plus générale ? (...)

Si les médias ou, du moins nombre d’entre eux, contribuent, même indirectement, à favoriser le Front national, c’est d’abord – bien que cette cause ne soit sans doute pas la principale – en raison de modes de traitement des questions politiques qui reposent, pour le formuler de manière abrupte, sur une dépolitisation de la politique. (...)

La construction médiatique des cibles de la peur et de la haine

Ainsi en va-t-il particulièrement de la promotion et la mise en scène de thèmes, réputés refléter la réalité, qui alimentent le caddie du Front national, sans qu’il ait besoin de faire lui-même son marché : insécurité, immigration, Islam. (...)

Qui pourrait faire grief aux médias dominants d’aborder notamment la question de l’Union européenne, du rôle de l’Euro et plus généralement des politiques économiques. Mais comment le font-ils ? En mutilant la présentation des options possibles. Autre forme de dépolitisation. (...)

Prisonniers de leurs présupposés politiques, la plupart des chroniqueurs et commentateurs, du moins en radios et télévisions, ne parviennent ni à exposer ni à discuter des thèses du Front national. En revanche, le privilège accordé aux jeux politiciens sur les enjeux politiques produit ici de néfastes effets. (...)

Que des médias d’opinion ou de parti pris, comme le sont ouvertement les quotidiens et hebdomadaires nationaux, exercent leur liberté d’opinion et prennent parti, rien de plus normal. Mais ceux qui, peu ou prou, cèdent aux tentations que nous avons relevées devraient retenir leurs larmes quand ils déplorent l’impact du Front national. (...)